Imaginez en effet que, conformément à l'ordre du jour initialement fixé, le projet de loi présenté par Mme Taubira n'ait été examiné que vers la fin du mois de mai, voire plus tard : pour le coup, vous nous auriez permis de créer dans le pays un moment politique fort, car nous aurions revendiqué la tenue d'un référendum – du moins si, en cohérence, vous aviez voté conformes aujourd'hui ces deux projets de loi.
Nous assistons à une succession de contorsions : une première contorsion vous a amenés à présenter le projet Taubira de manière anticipée ; une deuxième contorsion amène la majorité à ne pas adopter à l'Assemblée nationale la position qui a été la sienne au Sénat ; enfin, une troisième contorsion avec l'examen des deux présents projets de loi, poussant certains groupes politiques ordinairement très attachés à la démocratie directe à empêcher celle-ci de s'exprimer aussi rapidement qu'elle l'aurait pu. Franchement, tout cela est assez pitoyable !
Vous pouvez toujours avancer des raisons techniques, mais la situation est extrêmement claire : la majorité fait tout ce qu'elle peut pour que le référendum d'initiative partagée s'applique le plus tard possible.