…non, des cons ! Ce mur, donc, qui sépare le peuple du vrai pouvoir d'expression tiendra-t-il ?
On a le sentiment ici qu'on a peur d'être dépossédé de sa virilité démocratique. Mais nous ne sommes là que parce que le peuple le veut. Et que penseraient vos électeurs s'ils savaient que vous êtes méfiants à l'égard de l'expression de leur volonté, eux qui vous ont élus ? Ils diraient peut-être qu'ils se sont trompés, si nous sommes si hasardeux dans nos choix.
C'est vrai, il s'agit d'une question centrale, historique, politique, sociologique dont on peut débattre honnêtement, sans critiquer forcément l'opinion de l'autre côté, parce que c'est un débat.
Parce qu'il y a une évolution dans la société, nous sommes arrivés à un moment où le peuple a besoin de s'exprimer. Tous les jours, nous assistons au triomphe de l'impératif atmosphérique. Il n'y a plus d'impératif catégorique. Quand un événement se produit, tout le monde s'y engouffre politiquement, législativement, comme s'il fallait obéir soudain à ce que le peuple va dire, à un moment donné, passager, évanescent : un événement survient, un ministre se déplace ! On en est à marcher sous la contrainte de l'instant populaire, de l'éclair médiatique et on en arrive à dire ici, comme à l'époque de Louise Michel, que le plébiscite, parce qu'il contient le mot « plèbe », est à écarter. Mais on y est dans la démocratie directe ! Il suffit d'une émission de télévision pour que tous les hommes politiques accourent immédiatement à la recherche du maquillage et de la caméra pour exprimer leur accord ou leur désaccord. Mais le peuple, il parle tous les jours.