Intervention de Marc Dolez

Séance en hémicycle du 16 mai 2013 à 9h30
Amnistie des faits commis lors de mouvements sociaux — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Dolez, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République :

Les syndicalistes ne sont pas des délinquants, mais des hommes et des femmes qui défendent avec énergie l'emploi, les salaires et les droits à la retraite. Des hommes et des femmes qui luttent pour le bien commun et les intérêts de tous les salariés.

Plusieurs critiques, que je crois infondées, ont été adressées à la proposition de loi tant sur le principe même de l'amnistie que sur la définition de son périmètre. C'est pourquoi je souhaite d'abord répondre à ces critiques avant, je l'espère, de convaincre du caractère justifié et équilibré du texte.

L'amnistie s'inscrit dans une longue tradition républicaine de réconciliation nationale par l'oubli et le pardon des fautes commises. Parmi les lois d'amnistie qu'a pu connaître notre pays, si les plus connues sont les lois d'amnistie dites « présidentielles », il y a aussi de nombreuses lois d'amnistie ponctuelles qui ont été votées pour effacer les séquelles d'événements douloureux. On dénombre seize lois d'amnistie depuis le début de la Ve République, auxquelles il faut ajouter neuf lois qui, sans avoir l'amnistie pour objet principal, comportaient des mesures en ce sens. Beaucoup de ces lois ont comporté une amnistie des faits commis dans le cadre de mouvements sociaux. C'est le cas, notamment, de l'article 3 de la loi d'amnistie du 6 août 2002.

Prétendre aujourd'hui que l'amnistie ne serait désormais plus légitime, c'est oublier que ce qui avait été critiqué en 2002 au moment du vote de la dernière loi d'amnistie, ce n'était pas le principe de l'amnistie elle-même, mais le principe des amnisties présidentielles. L'élément qui posait le plus problème dans l'amnistie présidentielle était sa prévisibilité, qui engendrait notamment un relâchement des conducteurs et une augmentation de la mortalité sur les routes.

Le choix de ne plus accorder une amnistie après chaque élection présidentielle ne saurait condamner l'amnistie en elle-même, qui relève du domaine de la loi selon l'article 34 de la Constitution, et que le législateur doit savoir utiliser lorsque les circonstances l'exigent. Rejeter l'amnistie par principe, ce serait, pour le législateur, se priver d'un outil de réconciliation et d'apaisement qui peut être utile dans les situations difficiles que traverse inévitablement un pays au gré de son histoire.

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