Intervention de Marc Dolez

Séance en hémicycle du 16 mai 2013 à 9h30
Amnistie des faits commis lors de mouvements sociaux — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Dolez, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la République :

Certains ont également soutenu que la rédaction de la proposition de loi serait trop imprécise. Je concède que le texte du Sénat comporte effectivement une imprécision de rédaction : à l'article 1er, une erreur de rédaction a conduit à viser les activités syndicales « ou » revendicatives, au lieu des activités syndicales « et » revendicatives, comme dans les lois d'amnistie antérieures.

Cette erreur pourrait avoir pour effet d'amnistier les délits financiers commis dans la gestion des syndicats, ce qui n'est absolument pas l'esprit du texte. C'est pourquoi j'avais proposé à la commission des lois de rectifier cette erreur, et je réitère cette proposition aujourd'hui en déposant un amendement en ce sens.

Au-delà de cette difficulté rédactionnelle qui peut être levée sans mal, le texte ne saurait être qualifié d'imprécis. Ou alors, les mêmes critiques doivent être adressées à toutes les lois d'amnistie antérieures, dont la présente proposition de loi s'est inspirée.

Pour répondre aussi à une critique formulée lors de l'examen en commission, je précise que ce texte préserve pleinement les droits des victimes. Celles-ci ne seront évidemment pas privées de leur droit à indemnisation et pourront même bénéficier, dans le cadre de l'instance civile qu'elles engageront, des éléments de preuve recueillis au cours de l'enquête pénale. Les articles 8 et 10 de la proposition de loi le prévoient sans la moindre ambiguïté.

Bref, le texte adopté par la Haute assemblée est le fruit de la recherche d'un point d'équilibre, ainsi que la garde des sceaux l'a d'ailleurs souligné au cours des débats.

M'inscrivant dans cette logique de recherche d'un point d'équilibre, j'avais proposé à la commission un certain nombre de modifications destinées à améliorer encore la cohérence du texte. J'avais notamment proposé un amendement précisant que, parmi les délits contre les biens visés au livre III du code pénal, seraient seuls amnistiés les délits de dégradation et destruction, afin de mettre en évidence de façon très claire que l'amnistie ne concernerait aucun autre délit, tel que le vol, l'abus de confiance ou l'escroquerie.

Dans le même esprit, j'ai redéposé les mêmes propositions d'amélioration du texte, en espérant trouver cette fois un écho favorable auprès du groupe majoritaire et du Gouvernement – même si l'intervention de M. le ministre ce matin me laisse peu d'espoir sur ce point.

En conclusion, et bien que la commission des lois l'ait rejetée, je vous invite, à titre personnel, à voter cette proposition de loi, car ce texte équilibré, qui s'inscrit dans la longue tradition républicaine de l'amnistie, trouve sa justification dans une situation économique et sociale particulièrement grave.

En votant cette amnistie sociale, notre assemblée, à l'instar du Sénat, enverrait aussi ce message fort de soutien, d'espoir et de solidarité qu'attendent ceux qui ont lutté pour leurs droits les plus fondamentaux et pour retrouver ainsi leur dignité. Je vous invite à ne pas manquer cette occasion. (Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et écologiste.)

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