Tous les membres de notre commission ont reçu une note remarquable, cosignée d'Olivier Lafourcade et Serge Michaïlof, pointant le risque qui existe de ne pas parvenir à dégager et surtout à coordonner l'aide nécessaire au Mali et formulant des propositions pour y parer. J'aurais souhaité, monsieur le ministre, que vous vous en inspiriez davantage. Les deux auteurs proposent notamment que la France centralise l'ensemble des dons des bailleurs internationaux, qui ont du mal à être efficaces sur le terrain. L'idée de MM. Lafourcade et Michailof est de créer un fonds fiduciaire multibailleurs – lequel pourrait d'ailleurs recueillir, comme vient de le proposer M. Lellouche, des fonds en provenance du Golfe – et que celui-ci centralise l'ensemble de l'aide « projets » destinée au Mali, et portant dans les secteurs où notre pays dispose d'une compétence technique reconnue. La France deviendrait ainsi le réceptacle de cette aide. En effet, si on laisse chaque bailleur apporter sa contribution dans son coin et jouer seul sa petite musique, comme d'habitude en Afrique, cet argent fondra comme neige au soleil et ne servira à rien. Le risque est d'autant plus grand que l'État malien a quasiment disparu. Je suis d'ailleurs pour ma part sceptique sur sa capacité à se reconstruire dans les années à venir. Quoi qu'il en soit, cela prendra du temps.
L'idée de ce fonds multibailleurs, que la France était en mesure d'imposer vu le rôle qu'elle a joué et joue encore au Mali, n'a pas été exploitée. Pourquoi ? Que pensez-vous de cette proposition ? Notre pays aurait pu demander aux organisations multilatérales, auxquelles elle contribue largement, d'abonder ce fonds, créé à son instigation, et espérer avoir un effet d'entraînement.