Mais ce que l'on reproche à Tartuffe, ce n'est pas de faire la morale. Après tout, c'est le rôle de certains, pourquoi pas vous aujourd'hui ? Ce qu'on lui reproche, c'est d'être un imposteur – c'est d'ailleurs le sous-titre de la pièce –, c'est-à-dire d'utiliser la morale en guise de paravent.
Tout cela me ferait rire si ce n'était pas grave, si notre pays n'était pas déjà malade, comme le président Urvoas l'a rappelé lui-même, d'un lourd reproche adressé à la classe politique : celui de ne pas être suffisamment capable de remettre le pays sur la voie de la réussite.
Eh bien, vous, vous en rajoutez, sur tous, alors que cela ne concerne que quelques cas, en alimentant la suspicion de malhonnêteté de la classe politique. Je crois que c'est la première fois, dans notre pays, que nous nous trouvons dans cette situation extraordinaire où le Président de la République lui-même n'hésite pas, avec ces textes de circonstance, à alimenter sciemment l'antiparlementarisme. C'est la première fois dans notre pays qu'un Président de la République se permet d'ouvrir un débat sur la probité du Parlement. C'est la première fois, dans notre pays, qu'un Président de la République, pour protéger les siens, pour protéger son parti miné par les affaires du Pas-de-Calais aux Bouches-du-Rhône, pour faire simple, fait le choix de jeter le discrédit sur l'ensemble des élus de la République.