Je partage pleinement les propos de Guy Geoffroy, et je voudrais à mon tour développer quelques réflexions.
Au fond, c'est toujours un peu la même vision que vous nous proposez. Cette stigmatisation des métiers de conseil a quelque chose d'excessif, et elle témoigne même d'une certaine méconnaissance de ce qu'est cette profession. C'est d'autant plus regrettable que tous les consultants ne sont pas, et de loin, des gens qui vendent leur carnet d'adresses toute la journée ; ils ne travaillent pas systématiquement, loin s'en faut, avec de très grosses entreprises et ils ne passent pas non plus leur temps à vendre du vent ou de la matière grise inexistante. Il est vraiment dommage que l'on inscrive cette suspicion dans la loi.
Je vous ai écouté attentivement, monsieur le ministre, comme à chaque fois que vous vous exprimez, et je peux entendre vos explications. Mais la comparaison que vous faites entre le statut des agents de la fonction publique appelés à siéger dans cette maison et la situation des personnes venant du secteur privé n'a pas lieu d'être. La grande différence, c'est que les agents de la fonction publique sont à peu près assurés de retrouver, à leur sortie, un poste équivalent à celui qu'ils ont quitté en entrant ici. Ce n'est pas forcément le même, et pas forcément au même endroit, mais ils ont tout de même une garantie, que les autres ne connaissent pas.
À la vitesse où vont les choses et étant donné la rapidité avec laquelle la vie des entreprises évolue, avec l'accumulation des connaissances, la rapidité de l'évolution technologique et tout ce qui s'ensuit, il y a très peu de chance qu'un spécialiste dans l'industrie ou les services qui entrerait ici retrouve un poste correspondant à celui qu'il occupait cinq ans auparavant, ce qui est une éternité dans la vie professionnelle d'aujourd'hui.
Vous êtes un travailliste, monsieur le ministre, au sens du droit, et non au sens anglais du terme – encore que ! Vous connaissez bien le monde du travail et vous savez bien que ce que je dis n'est pas complètement dénué de fondement. Il y a là quelque chose qui me semble procéder, en plus de ce qu'a dit Guy Geoffroy sur l'orientation que vous donnerez à notre institution, d'une vision du monde du travail et du monde économique qui me paraît faussée. Il est dommage d'inscrire dans la loi cette vision faussée.