Je n'ai pas dit, monsieur le rapporteur, que c'était la seule expérience valable, mais que c'était la seule dont vous voulez priver l'Assemblée nationale et le Sénat. Il n'y a aucune raison de vouloir les priver de cette expérience.
Nous ne sommes pas en train de parler d'un symbole, celui que vous voulez absolument mettre au bout d'une pique médiatique pour contenter le peuple. Nous sommes en train de parler de maires de toutes petites villes, ou de maires adjoints qui n'exercent pas leurs fonctions à plein-temps, mais qui, participant à un exécutif, ayant des décisions à prendre, peuvent plus facilement que d'autres, non pas relayer la parole des autres, mais faire valoir ici leur expérience.
Voici quelques années, dans cette assemblée, le gouvernement a été autorisé à légiférer par ordonnances en matière d'urbanisme. Cela a eu pour résultat que, lorsqu'une demande de permis de construire est déposée, le maire – ou le maire adjoint chargé de l'urbanisme – ne peut plus exiger que l'intérieur du bâtiment soit présenté. Il ne dispose plus que du seul plan… C'est absolument extraordinaire. En réalité, vous ne pouvez plus juger de la répartition et de l'équilibre de ce qui sera construit, ni savoir si l'on ne fera pas des boîtes à chaussures. Pour cela, un maire adjoint à l'urbanisme est plus utile qu'un député qui, occasionnellement, quand il en aura le temps, quand il ne sera pas en train de siéger ici – puisque c'est le but que vous voulez lui assigner –, peut rencontrer telle ou telle personne.
Non, l'expérience vécue d'élu local n'est pas la seule expérience valable, mais c'est la seule dont vous voulez priver l'Assemblée et le Sénat. Vous voulez des interprètes et non plus des praticiens. Les praticiens peuvent être également des interprètes, alimenter la loi, enrichir nos débats et diversifier cette assemblée, qui est déjà trop monolithique, quels que soient les bancs.