…les wistleblowers, ce qui est plus sympathique que « lanceur d’alerte », invention de deux sociologues français à l’esprit quelque peu emphatique, le vrai problème est qu’on risque tout de même, avec les protections dont cet article les entoure, de les inciter éventuellement à diffuser des informations qu’ils n’ont pas tout à fait vérifiées, à porter des allégations qui ne sont pas tout à fait exactes. Ce risque considérable a été souligné par au moins deux personnes que je vais citer.
La première est Lionel Jospin, dans le rapport qu’il a remis en novembre 2012. Tout en se déclarant favorable à une protection des lanceurs d’alerte, la commission Jospin précisait « être consciente que la mise en place d’un tel dispositif pourrait conduire, du moins dans un premier temps, à de nombreux signalements fantaisistes ou abusifs ».
L’autre personne que je citerai est géographiquement plus proche de nous ce soir, puisqu’il s’agit de notre rapporteur. Selon Jean-Jacques Urvoas, dans Le Figaro du 20 juillet dernier, c’est récent, « la frontière entre celui qui cherche à nuire et celui qui porte une inquiétude légitime n’est pas simple à tracer ; il ne faut ni instituer une sorte d’immunité ni inciter à la délation ». Pour ma part, je n’aurais pas employé le mot délation.