Enfin, le Gouvernement soumet donc solennellement à la ratification par notre assemblée le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l'Union économique et monétaire !
Je dis « enfin », parce qu'il lui aura fallu beaucoup de contorsions, de reniements, de contradictions et de mensonges pour y parvenir. Tous les Français savent désormais, comme nous tous dans cette assemblée, que ce traité n'a pas été modifié d'une virgule.
C'est avec résolution que les députés de l'UDI le voteront à l'unanimité. Depuis le début, nous répétons qu'il s'agit d'un bon traité, pour la France tout d'abord, qui intègre enfin les principes de responsabilité et de bonne gestion permettant de juguler nos démons de la dette et du déficit. Mais ce traité est également bon pour l'Europe, qui dispose enfin du fameux pilier économique manquant depuis le début à l'union monétaire, et sans laquelle il n'y a pas d'issue à la crise. Ce traité constitue donc les prémices de l'indispensable gouvernement économique de la zone euro, attendu et réclamé depuis si longtemps.
Dans quelques minutes, le traité sera adopté à une très large majorité. Peut-être serait-il temps, monsieur le Premier ministre, d'expliquer enfin à l'Europe, et je le dis devant les députés de la CDU qui nous font l'amitié d'assister à nos travaux, votre vision pour la prochaine étape de la construction européenne. Il est temps que la France reprenne son rang, et se place à l'avant-garde de la transformation de la zone euro en une véritable union fédérale.
Il faudrait pour cela, monsieur le Premier ministre, que la France cesse d'être le seul pays à faire des choix économiques et sociaux aux antipodes de ceux effectués par tous les autres pays européens ! (« Très bien ! » et applaudissements sur les bancs sur les bancs des groupes UDI et UMP.)
Il ne suffit pas d'augmenter les impôts ! Il faut maintenant mettre en place les réformes de compétitivité auxquelles nous invite précisément le traité que nous allons voter.
À quand les leviers pour une vraie politique industrielle ? À quand le vrai chantier de la convergence sociale et fiscale avec l'Allemagne ? Nous sommes prêts à vous accompagner pour mener à bien ce chantier que vous appelez de vos voeux ; mais encore faut-il que vous ne prétendiez pas imposer à nos partenaires allemands, ainsi qu'à tous ceux qui font des efforts considérables en Italie, en Espagne, au Portugal ou en Irlande, le record européen des impôts et des taxes, que vous entendez encore aggraver.
Le deuxième message de l'UDI est simple : chaque fois que vous irez vers plus d'Europe, nous vous accompagnerons et nous vous soutiendrons. Mme la Chancelière Angela Merkel et M. le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble, grand homme d'État de l'Europe, vous ont tendu solennellement la main en vous proposant de les accompagner pour une réforme qui aille résolument vers une union fédérale. Le président de l'Union européenne, M. Van Rompuy, a proposé, hier, un budget central de la zone euro, ainsi qu'un levier fiscal et budgétaire commun aux pays de la zone euro, avec des ressources propres qui soient indexées sur de vrais gisements économiques. Voilà la clé pour la politique industrielle que vous dites vouloir. C'est un chemin pour aller vers ce trésor européen avec, à terme, ces fameux eurobonds que nous aussi nous souhaitons, mais qui ne peuvent venir que si vous vous montrez un partenaire responsable et exemplaire.
Monsieur le Premier ministre, nous allons franchir une première étape. Tant mieux. Maintenant, il faut aller plus vite et plus loin. Parce que la crise de la zone euro n'attend pas, nous avons besoin d'une France forte, d'une France qui ouvre la voie à plus d'Europe. (Applaudissements sur les bancs des groupes UDI et sur certains bancs du groupe UMP.)