…qui parviennent à concilier exigence accrue de transparence, respect de la vie privée et garantie d’un contrôle optimal. Bien sûr, ils ne suffiront pas à éradiquer tous les maux, personne ne peut le prétendre, mais nul ne peut contester que les tentations de fraudes seront demain plus risquées et partant, espérons-le, beaucoup plus rares. Ce sera déjà un énorme progrès.
Pour le reste, reconnaissons que le problème est pour partie culturel. Aucune loi, fût-elle comme celle-ci excellente, n’est en mesure d’en appréhender l’ensemble des dimensions.
En l’occurrence, il me semblerait opportun que, dans les phases d’emballement médiatique et les vagues d’indignation populaire comme nous en avons récemment connu, chacun, demain, s’efforce de garder la tête froide : les élus, d’abord, en faisant la part entre la nécessaire information du citoyen et la tentation d’un exhibitionnisme teinté de démagogie, les citoyens, ensuite, en distinguant ce qui relève de leur droit légitime à réclamer des comptes de ce qui s’apparente à des pulsions voyeuristes, et les médias, enfin, en évitant toute surexploitation des affaires à des fins qui seraient non plus informatives mais seulement commerciales. Nul n’a à gagner à sacrifier son sens du discernement à l’émotion de l’instant, qui est toujours mauvaise conseillère.
Ces considérations peuvent paraître éloignées du périmètre du droit, elles n’en sont pas moins au coeur du sujet qui nous occupe. Dans sa Politique, Aristote présentait la prudence, définie comme la faculté à appréhender où portent les conséquences de ses actes, comme la seule vertu spéciale du commandement. Nul doute qu’elle puisse faire l’objet d’un apprentissage. L’actualité démontre d’ailleurs hélas que peu de dispositions de l’esprit humain mériteraient ainsi d’être promues. Je forme dès lors le voeu que les écoles de prudence fleurissent dans les partis et que leur enseignement finisse par imprégner les esprits au point de rendre inopérantes les rigueurs en l’état nécessaires de la présente loi.
Le 16/12/2014 à 10:44, laïc a dit :
"les élus, d’abord, en faisant la part entre la nécessaire information du citoyen et la tentation d’un exhibitionnisme teinté de démagogie, les citoyens, ensuite, en distinguant ce qui relève de leur droit légitime à réclamer des comptes de ce qui s’apparente à des pulsions voyeuristes, et les médias, enfin, en évitant toute surexploitation des affaires à des fins qui seraient non plus informatives mais seulement commerciales."
C'est tout le problème d'une "démocratie" qui n'est pas participative, et dans laquelle pas plus le politique que le citoyen n'a de réel pouvoir : le politique pense que s'exhiber, c'est démontrer sa capacité à véhiculer et démontrer les idées de son parti, le citoyen pense que faire du voyeurisme,, c'est contrôler l'action des politiques et avoir du poids dans la vie politique de son pays, et les médias pensent que diffuser à la fois cet exhibitionnisme et ce voyeurisme, c'est favoriser la liberté d'expression et l'entretien de la démocratie, tout en faisant de l'argent sur cette politique qui finalement, commercialement et financièrement parlant, ne rapporte beaucoup par elle même qu'aux médias, un peu moins aux politiques (car ils sont quand même rémunérés) et rien du tout aux citoyens...lesquels sont les dindons de la farce.
L'analyse de M. Urvoas est fort judicieuse, et témoigne, de la part d'un politique, d'une forme de détachement ou de recul par rapport à la polique, qui lui permet d'avoir un jugement sain du système tout en y étant intégré.
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