La discrimination en fonction du lieu de résidence deviendra ainsi, si vous votez en ce sens, le vingtième critère juridiquement opposable. Il s’agit d’une discrimination majeure des habitants, en particulier de certains jeunes, qui ne comprennent pas pourquoi la réputation de leur quartier est un tel frein à l’emploi ou à l’accès au logement. À chacun de mes déplacements, quelqu’un témoigne de cette injustice insupportable, mise en évidence par de nombreuses études. Désormais introduite dans le code pénal et le code du travail, cette reconnaissance de la discrimination à l’adresse représente une avancée juridique réelle pour l’égalité des droits. Son adoption à l’unanimité en commission des affaires économiques, en renforce la portée politique, car les millions de concitoyens qui résident dans les quartiers populaires, ne sont pas des citoyens de seconde zone. S’ils subissent plus que d’autres les effets de la crise, ils constituent aussi des ressorts dont notre pays a besoin.
Oui, mesdames et messieurs les parlementaires, le regard sur ces territoires doit changer. Et nos institutions elles-mêmes doivent remettre au premier plan de leurs préoccupations l’association et la reconnaissance des habitants des quartiers. Trop souvent, des projets de rénovation urbaine se sont affranchis de toute consultation réelle des locataires. Trop souvent, des actions ont été engagées sans tenir compte de ceux qui allaient en bénéficier. Comme si la concentration de pauvreté devait inévitablement s’accompagner d’une concentration d’indifférence ! Il nous fallait donc, conformément aux travaux de la mission que j’ai confiée à Mohamed Mechmache et Marie-Hélène Bacque, poser cette exigence de reconnaissance et de participation des habitants des quartiers au coeur de la politique de la ville.
Par un travail spécifique à engager sur la mémoire et l’histoire des quartiers populaires, tout d’abord. Le recueil de la mémoire des habitants contribue à leur reconnaissance sociale, à celle de leurs quartiers, à la lutte contre les discriminations, donc au bien vivre ensemble. Ainsi, et à l’initiative de plusieurs parlementaires – je veux saluer ici le travail de Pascale Boistard au sein de la commission de Pascal Blanchard –,