Monsieur le président, monsieur le président de la commission spéciale, madame la rapporteure, mesdames et messieurs les députés, avant qu’un client puisse acheter une prestation sexuelle, dans l’une de nos rues ou à la lisière de nos bois, il y a des femmes, et parfois des hommes, qui sont vendus, achetés, échangés, séquestrés, violés, torturés, trompés, rackettés, soumis aux pires chantages – ainsi que leur famille et leurs enfants –, exportés et importés comme n’importe quels marchandises, animaux ou denrées périssables. Ensuite, seulement, leur vie de prostituée peut commencer. N’oublions pas, n’oubliez pas, avant de les considérer comme des prostituées, que l’on parle d’êtres humains. Si vous manquez de force pour imaginer ces derniers, pensez simplement à ces jeunes femmes africaines dont le réseau de proxénétisme nigérian a été démantelé hier soir en Espagne. Les enfants de ces jeunes femmes avaient été séquestrés et attachés au pied d’un lit pendant plus de deux ans pour obliger leur mère à se prostituer, vendue au Maroc avant d’être exploitée en Europe.
Pourquoi tant de violence ? Précisément parce que, si la prostitution pouvait vraiment être exercée sans souffrance et sans répugnance, il serait moins nécessaire d’utiliser de tels moyens. Que les visages, les corps et les destins de ces victimes à jamais abîmés ne vous quittent pas ! Ces victimes représentent l’essentiel de la prostitution aujourd’hui : elles sont l’essentiel de l’enjeu du système prostitutionnel.