Intervention de Najat Vallaud-Belkacem

Séance en hémicycle du 29 novembre 2013 à 9h30
Renforcement de la lutte contre le système prostitutionnel — Présentation

Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes, porte-parole du gouvernement :

Pourquoi admettre que l’on paye le corps d’une femme ? Parce que, nous dit-on, le client est parfois en souffrance, souffrance sexuelle, souffrance sentimentale, souffrance affective. Je ne nie pas que cela existe. Je constate chaque jour la grande détresse dans laquelle sont certains de nos concitoyens. Les violences faites aux femmes ont presque toujours pour origine cette détresse de la part des auteurs. Mais la détresse de l’un ne se soigne pas par l’exploitation de la détresse de l’autre. Elle n’est jamais une justification. Depuis quand notre pays admettrait-il que la liberté aille au-delà de ce qui ne nuit pas à autrui ? Depuis quand privilégerions-nous une souffrance par rapport à une autre ? Depuis quand le corps humain devrait-il être assimilé à un médicament ? Depuis quand se soignerait-on aux dépens d’une autre personne humaine ?

Le coeur de ma conviction est là. On ne peut pas vendre son corps à un autre pour le soin d’un autre sans en être soi-même affecté. La dissociation entre le corps et la personne est une chimère. Quand elle se répète, elle crée un sentiment d’irréalité, d’étrangeté à soi-même, d’indifférence, d’insensibilité. Savez-vous que la prévalence des troubles psychotraumatiques sévères est équivalente chez les personnes prostituées à celle que l’on trouve parmi les personnes victimes de tortures ou parmi les prisonniers politiques ?

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