Je n’en veux pas. Pouvez-vous l’admettre, vous, cette assemblée qui avait décidé à l’unanimité de faire un principe intangible de la règle selon laquelle chacun a droit au respect de son corps ? Le corps humain est inviolable. Le corps humain, ses éléments, ses produits ne peuvent faire l’objet d’un droit patrimonial. Voilà ce qui est écrit à l’article 16 du code civil et qui fait partie désormais de notre Constitution.
Pourquoi payer le corps des femmes ? Parce qu’elles y consentiraient. Voilà l’argument le plus récurrent, le plus facile, le plus choquant et, là encore, le plus paresseux, le plus inopérant qui puisse être avancé pour justifier l’achat de services sexuels. Jamais votre Parlement n’a considéré qu’on pouvait consentir à mettre son corps dans le commerce. Le sujet avec la prostitution, ce n’est pas la sexualité, qu’elle se déroule d’une façon ou d’une autre, qu’elle soit libérée ou pudibonde, ce n’est pas notre sujet. Nous ne sommes pas là pour faire la police des moeurs. Nous sommes là pour donner corps à nos principes les plus essentiels.