Il faut faire confiance aux dispositions de la loi que nous allons voter. Il est légitime de s’interroger sur ce sujet, mais je ne crois pas m’avancer trop en disant que l’inquiétude sera rapidement dissipée, tout simplement parce que la procédure ne sera pas détournée. Cela étant, la question méritait d’être posée et il fallait qu’elle trouve un début de réponse.
En ce qui concerne la responsabilisation et l’impact direct de la dissuasion sur la situation que nous voulons combattre, je voudrais faire référence à des propos que certains d’entre vous ont peut-être entendus. Hier, en revenant d’une confrontation avec notre collègue Esther Benbassa sur LCI, j’ai entendu sur RTL, dans l’émission « Les auditeurs ont la parole », le témoignage de deux prostituées – françaises – exerçant leur activité en province. À les entendre, elles auraient perdu 30 % à 40 % de leur clientèle depuis que les parlementaires se sont de nouveau saisis du thème de la prostitution et envisagent de responsabiliser les clients.
Danielle Bousquet et moi-même avons déjà eu droit à cet argument : avant même que notre rapport ne soit remis et que le texte précis de nos propositions connu, les milieux de la prostitution nous reprochaient une diminution du nombre des clients. Rappelons haut et fort qu’il ne s’agit pas de chercher un coupable pour le simple plaisir de punir quelqu’un, mais de faire en sorte que les gens qui sont à l’origine de la demande en soient tenus pour responsables. Le simple fait d’annoncer par la loi qu’il faudra bien qu’ils réfléchissent et qu’ils assument leurs responsabilités a un effet dissuasif.