Ce débat extrêmement important est une démonstration de plus pour convaincre celles et ceux qui ont résumé de manière un peu hâtive notre proposition de loi à son seul article 16 et à la question de la responsabilisation du client. On a même sauté la case responsabilisation pour passer directement à la case pénalisation…
Si certains de mes collègues demandent tant de précisions et de garanties, c’est pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté dans la volonté, qui doit nous réunir tous, de privilégier le parcours d’accompagnement et de sortie des personnes prostituées de la prostitution. C’est essentiel. C’est le message que nous adressons aux personnes prostituées, mais aussi à tous ceux qui nous écoutent, nous regardent, nous scrutent, et qui essaient de voir par quels petits trous de souris ils pourront s’introduire : je veux parler des proxénètes, qui sont en train de nous prendre le pouls par caméra interposée, pour voir où sont les failles éventuelles.
Celui qui a parfaitement résumé l’importance de ces interrogations et de ces réponses, c’est le ministre de l’intérieur, lorsqu’il est venu discuter avec nous de ces sujets. Il est nécessaire d’être parfaitement clairs sur la question ; il faut le dire, le redire, y insister, quitte peut-être à maintenir ces amendements pour être sûrs que le sujet n’a pas été évacué. Cela étant, je comprends également la logique du Gouvernement qui en demande le retrait au bénéfice de son amendement no 61 qui me paraît un bon amendement. Pour ma part, je n’ai pas d’opinion sur la question, mais je maintiens que nous sommes vraiment au noeud de la seule chose qui compte : affirmer que, parce qu’elles sont victimes, les personnes prostituées, qu’elles soient victimes d’un proxénète visible ou invisible, sont des personnes qui doivent à tout prix être accompagnées par la puissance publique pour pouvoir sortir de l’enfer qu’elles connaissent.
Je tenais à y insister, pour que tout le monde ait conscience que, au fond, il n’y a pas dans cet hémicycle de véritable schisme sur ce sujet fondamental entre les parlementaires, ni entre les parlementaires et le Gouvernement. On a voulu nous enfermer dans cette affaire de la pénalisation du client ; nous sommes en train de démontrer qu’il est vraiment important pour nous de tirer d’affaire les personnes prostituées, car elles vivent un drame et on n’a pas le droit de ne pas en tenir compte.