Je serai brève. Je rajouterai deux commentaires à cette intervention, dont je partage chacun des éléments.
Je ne comprends pas comment l’on peut avoir passé douze heures dans cet hémicycle à écouter l’évocation très crue de la réalité actuelle de la prostitution, constituée de traite à 90 %, à entendre cette somme de violences, de misères, de déchirures d’existences et continuer à trouver outrancière la pénalisation du client !
En quoi cette responsabilisation serait-elle outrancière, compte tenu de toutes ces violences et de toutes ces souffrances ? Si nous, nous connaissons cette réalité, le client aussi ! Certes, il préfère souvent se voiler la face, fermer les yeux et dire, comme je l’ai entendu dans un reportage consacré à nos débats : « lorsque j’achète un steak, je ne me soucie pas de sa provenance » ! Sont-ce là des propos que l’on peut tenir en toute impunité ?
Ce comportement, qui consiste à se désintéresser totalement du sort des personnes auxquelles on a recours pour satisfaire ses propres besoins est-il acceptable et tolérable plus longtemps, dans un pays qui fait de la lutte contre les violences faites aux femmes une priorité ? Je souscris absolument à la nécessité de responsabiliser le client.
J’ai entendu certains approuver la proposition de loi, hormis la disposition consistant à pénaliser le client. Imaginons que nous adoptions l’ensemble du texte, sans l’article 16. Cela reviendra à créer un appel d’air, comme le craignaient certains, à déclencher une extension inconsidérée de la prostitution. On se sera ainsi privé des moyens de contrôler les personnes prostituées, incitant les proxénètes, les réseaux et la traite à se développer toujours davantage et à considérer notre pays comme terre d’accueil de la prostitution. Il ne nous restera plus aucun moyen de lutter contre le développement de la prostitution.
Même s’il ne faut pas résumer la proposition de loi à cette disposition, je la considère comme majeure. Elle garantit l’équilibre du texte et son ambition, qui est de lutter contre la prostitution.