Intervention de Marie-Hélène Fabre

Séance en hémicycle du 29 novembre 2013 à 21h30
Renforcement de la lutte contre le système prostitutionnel — Article 17

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Hélène Fabre :

Depuis plusieurs heures, nous examinons ce texte par lequel, répétons-le, nous ne cherchons pas à déclarer notre haine envers la sexualité masculine, pas plus que, lors des premières propositions de loi qui ont été déposées contre les violences commises au sein des couples, nous ne représentions un féminisme victimaire.

Nous pensons simplement que ce qui permet à la prostitution de subsister dans nos sociétés tient à la méconnaissance profonde de la réalité de ce phénomène. Au cours du débat est revenue l’idée que les prostituées sont majoritairement volontaires, qu’elles apprécient leur activité et la considèrent comme un travail comme un autre, plutôt rémunérateur. En somme, certains discours veulent faire croire que la prostitution serait une activité qu’il conviendrait simplement d’encadrer.

Une forme particulièrement pernicieuse de ce discours fait des prostituées des sortes d’assistantes sociales offrant un temps d’écoute à ceux qui en seraient privés. Certains nous font croire qu’on irait voir indifféremment une personne prostituée, homme ou femme, ou une assistante sociale, puisque cela reviendrait peu ou prou au même.

C’est là un déni de réalité et nous devons combattre cette représentation incroyablement idéalisée. Le stage de sensibilisation permettra aux clients de prendre conscience des conséquences de leurs actions. En effet, l’achat de services sexuels n’est pas qu’une simple transaction, mais le moteur et le rouage essentiel d’un esclavage de masse. En agissant ainsi, les clients se font les complices d’un système violent et dangereux pour la santé physique et psychologique de celles et ceux qui en sont les victimes.

Grâce à cet article, les clients seront enfin informés des souffrances qu’endurent ces femmes et ces hommes, qui sont en proie au désespoir et à un sentiment d’abandon, mais également à la honte. Aussi, je ne peux que me réjouir de cette possibilité de sensibilisation qui, je l’espère, sera largement mise en oeuvre et proposée par les tribunaux de police en complément ou à la place des amendes. Il s’agit aussi d’un message d’espoir à l’attention de celles et ceux qui se dénomment « les sans-voix ». C’est pourquoi, chers collègues, je vous appelle à adopter cet article.

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