Si nous avons la chance d’avoir un héritage culturel et linguistique fort qui nous a été légué par nos aînés, c’est parce qu’ils se sont souvent battus pour cela.
Historiquement, la langue qui s’est d’abord développée parmi les habitants d’Alsace est l’alsacien, une langue qui fait partie de la sphère des langues germaniques. Par ailleurs, l’Alsace a connu, au fil du temps, une double influence culturelle, française et allemande.
Riches de ce double héritage, les Alsaciens ont, pendant des siècles, pratiqué leur langue de façon vernaculaire, laissant le soin aux États-nations d’imposer, à tour de rôle, leur emprise linguistique – le Hochdeutsch, durant la période allemande et le français, lorsque l’Alsace était française.
Cela a fonctionné naturellement, aussi longtemps que la langue régionale était ipso facto transmise par la famille. En d’autres termes, l’État se chargeait de transmettre la langue nationale, tandis que la famille assurait la transmission de la langue vernaculaire.
Hélas, au cours du XXe siècle, plus particulièrement dans les dernières décennies, ce schéma archétypal a progressivement volé en éclat. D’abord, parce que la période qui a suivi la Seconde guerre mondiale a été marquée par la volonté de la France de gommer toute référence à connotation germanique en Alsace. Il fallait tout mettre en oeuvre pour que l’Alsace soit la bonne élève de la France. C’est ainsi que l’on pouvait lire sur des affiches dans l’Alsace d’après-guerre : "C’est chic de parler français » !