Intervention de Marie-Françoise Bechtel

Séance en hémicycle du 22 janvier 2014 à 21h30
Ratification de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Françoise Bechtel :

Ou bien ce sera le local aux locaux. Passons sur la justice, que ce soit avec la co-officialité des actes judiciaires ou le déroulement de la procédure en langue régionale – tout cela est prévu par la charte. On ne saurait dire que la clarté et l’égalité y gagneraient. Enfin et surtout, on voudra faire en sorte, et c’est peut-être l’une des volontés majeures qui se profilent derrière ce texte, que soit financé massivement et obligatoirement par l’État l’enseignement dans les écoles de la langue régionale y compris par la voie de l’immersion, si j’ose dire. J’attire votre attention sur le fait que les communes devront financer les petites communes voisines parce que des familles en feront la demande. C’est la loi actuelle.

Et pour l’enseignement en immersion, certains demandent déjà que saute le verrou de la loi Falloux ! Verrou dont l’abrogation avait jeté dans la rue un million de personnes du camp progressiste attachées à la laïcité. Vous vous en souvenez peut-être pour certains d’entre vous, c’était début 1994. Voilà concrètement comment l’unité de la République sera demain atteinte si nous dépassons l’équilibre infraconstitutionnel sur lequel est bâti aujourd’hui notre dispositif.

Alors oui, avec ce basculement, c’est bien, sans grandiloquence, l’idée de la République qui est en cause. Et notre République est aujourd’hui plus menacée que ne le sont les langues régionales. Je voudrais attirer votre attention sur ce point.

Pouvons-nous nous inquiéter de la montée des différentialismes et des communautarismes un jour, plaidant pour la cohésion sociale et la force de la République, et le lendemain ouvrir des brèches dans la laïcité, organiser des files d’attente diversifiées, exclure les migrants – Madame Genevard ! – pour qui ne vaudra pas ce qui vaut pour les groupes qu’il faut bien appeler pour ce qu’ils sont : de souche ?

Permettez-moi, pour finir, puisque le jeu des citations est très à la mode ce soir, de choisir pour ma part d’honorer Nelson Mandela qui disait que « sans langue commune, on ne peut pas parler un peuple, ni le comprendre ». Les députés du Mouvement républicain et citoyen voteront résolument, vous l’avez compris, contre ce texte.

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