Intervention de Camille de Rocca Serra

Séance en hémicycle du 22 janvier 2014 à 21h30
Ratification de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires — Article unique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCamille de Rocca Serra :

La langue française est bien chez elle en Corse comme en Alsace, en Occitanie, en Bretagne ou ailleurs. Mieux encore, elle y est renforcée par la variété des langues régionales. Nos territoires, dans leur diversité, sont l’expression même de la France. Parler une langue régionale permet de se positionner dans l’ensemble national en y fusionnant son altérité régionale.

Tout à l’heure, j’entendais certains de nos collègues parler au nom de nos ancêtres révolutionnaires. Il ne faut pas oublier que l’idéologie révolutionnaire reposait sur le raisonnement suivant : puisque la nation a renoncé à l’unicité religieuse et à l’unicité de la personne du souverain, il faut fonder son unité sur un nouveau dénominateur. Celui-ci n’est pas l’unicité de la langue ou du peuple, mais bel et bien la volonté de partager un destin commun, une conception ascendante, théorisée par Ernest Renan en 1882 – je le cite : « La langue invite à se réunir, elle n’y force pas ».

Les États-Unis et l’Angleterre, l’Amérique espagnole et l’Espagne parlent la même langue et ne forment pas une seule nation. Au contraire, la Suisse, si bien faite, puisqu’elle a été faite par l’assentiment de ses différentes parties, compte trois ou quatre langues. Il y a dans l’homme quelque chose de supérieur à la langue, c’est la volonté. La volonté de la Suisse d’être unie malgré la variété de ses idiomes est un fait bien plus important qu’une similitude souvent obtenue par des vexations.

Cette incapacité à penser l’unité nationale dans la pluralité des langues n’a pas cessé de peser sur notre histoire. N’ayons pas peur. La seule limite est que le français reste la langue de la République.

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