Intervention de Annie Le Houerou

Séance en hémicycle du 22 janvier 2014 à 21h30
Ratification de la charte européenne des langues régionales ou minoritaires — Article unique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnie Le Houerou :

Je fais partie de ces personnes à qui l’on a appris à ne pas parler breton, car cela était considéré comme un signe rétrograde, un défaut de bonne éducation que l’on traitait par l’humiliation. C’est un traumatisme qui est si bien ancré en moi qu’à l’heure actuelle, je dois faire de gros efforts pour m’exprimer oralement en breton, alors que je comprends parfaitement cette langue, qui est ma langue maternelle. Au nom de tous ceux qui ont subi la même humiliation, je suis fière de soutenir cette proposition de loi qui doit aboutir à la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires.

Les langues et leur diversité sont des richesses pour les citoyens de nos sociétés. La langue, mode de pensée, exprime la liberté de dire notre ressenti, elle structure notre pensée. Les langues régionales ou minoritaires expriment ces richesses, cette diversité d’expression. Elles ont contribué à la construction de notre patrimoine, et continuent à le faire. Les langues sont l’expression de la liberté et elles sont la liberté d’expression. Elles doivent s’exprimer et s’épanouir en toute liberté.

L’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ne dit-il pas que la libre communication des pensées et des opinions est l’un des droits les plus précieux de l’homme ? Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, dans la limite des abus auxquels il pourrait se livrer – dans des cas déterminés par la loi –, dont il aurait à répondre. Considérer l’expression de la pensée et la liberté de communication comme un risque pour l’unité nationale ou pour la langue française, c’est, à mes yeux, méconnaître la réalité de ce phénomène d’expression diverse de nos langues de France, et c’est également contraire à nos principes républicains.

Je conclurai en disant, comme à Guinguamp, war raok – ce qui signifie « en avant ! » – vers la ratification de cette charte européenne des langues régionales et minoritaires.

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