C’est un très beau texte que nous allons voter dans quelques instants, et nous le ferons avec fierté. Fierté parce que ce texte concrétise une belle idée, que nous portons depuis longtemps : donner à chacun un droit réel à la formation tout au long de la vie. Un droit réel, oui, pour chacun et non collectivement, un droit transférable d’une entreprise à l’autre, à l’heure où les carrières ne se font plus du début à la fin dans la même. Un droit pour l’égalité réelle, c’est-à-dire un droit qui donne plus à ceux qui ont moins.
Fierté aussi parce qu’il apporte une nouvelle arme anti-chômage, à l’heure où celui-ci frappe durement le pays et où il ne faut céder à aucun découragement jusqu’à ce que ce mal soit renvoyé aux livres d’histoire.
Fierté, enfin, parce que malgré la crise, nous montrons avec ce texte, comme avec d’autres, que le progrès est possible. Pour nous d’ailleurs, il n’est de réforme qui mérite ce nom que celle qui est synonyme de progrès : progrès scientifique, technologique, mais pour nous, à gauche, progrès qui doit aussi être social. Le droit à la formation tout au long de la vie et le compte personnel de formation que nous créons aujourd’hui permettent aussi, au-delà de la lutte contre le chômage et de l’adaptation des salariés à leurs postes de travail, la progression professionnelle tout au long de la vie. À l’heure où le sentiment des jeunes qu’ils vivront moins bien que leurs parents est si fortement ancré dans notre pays, je crois que c’est un élément essentiel du retour de la France dans la bonne direction.
La création du compte personnel de formation ne règle pas tout. Il faudra bien sûr lui donner un contenu, au-delà de ce que fait déjà la loi. Alors que se déroule une négociation très importante sur le régime d’assurance chômage, j’invite les partenaires sociaux à se saisir pleinement de cet outil en direction des chômeurs. Alors que s’engage une nouvelle étape de décentralisation, j’invite les régions à se saisir pleinement de leurs nouvelles compétences en matière de formation. Leur tâche est immense. Il leur revient de créer un conseil en évolution professionnelle partout sur le territoire, efficace, pour permettre à chacun, dans toutes les étapes de sa vie, d’être orienté correctement, s’agissant à la fois du sens des formations à suivre et de leur qualité. Il leur revient aussi d’abonder ces comptes personnels de formation pour les publics prioritaires.
À l’heure, enfin, où les partenaires sociaux réfléchissent à l’invitation du Président de la République et du Gouvernement au pacte de responsabilité, je veux vous dire ici ma conviction. Je ne sais pas si notre pays a un problème de compétitivité coût ou hors coût. Je ne sais pas d’ailleurs si distinguer l’un de l’autre a du sens. Ce que je crois profondément, c’est qu’il n’y a pas de solution dans une fuite en avant vers la baisse des coûts, sauf à vouloir des salaires réduits à peau de chagrin et une protection sociale au rabais. Cette voie est sans issue.