Intervention de Barbara Pompili

Séance en hémicycle du 28 mai 2014 à 15h00
Difficultés du monde associatif — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Pompili :

Madame la présidente, madame la ministre, madame la rapporteure, chers collègues, le travail de terrain effectué par les associations mérite d’être salué par la représentation nationale. Nous devrions en effet rendre hommage à l’engagement des milliers de bénévoles et de salariés qui interviennent, jour après jour, dans nos territoires, dans nos territoires, dans nos quartiers, et bâtissent la cohésion sociale. Sans eux, qui organiserait les matchs de foot de nos enfants et des plus grands ? Comment pourrions-nous apprendre à peindre, à faire du théâtre, à danser ou à nager ? Sans eux, arriverait-on à maintenir la fameuse vie de quartier qui nous est si chère ? Qui viendrait en aide aux enfants des rues ou aux femmes victimes de violence ?

Car c’est bien de cela qu’il est question : sans les associations, qui prendrait en charge la solidarité qui fait tant défaut à notre société ? Soyons clairs, au lieu du « mieux-vivre ensemble » pour lequel nous nous battons, c’est le « non-vivre ensemble » et le repli sur soi qui gagneraient encore. Cette société-là, nous n’en voulons pas.

L’utilité publique du tissu associatif est un fait. Il relève donc de la responsabilité des pouvoirs publics de soutenir et d’accompagner le monde associatif. C’est d’autant plus vrai en cette période de crise où les besoins ne cessent d’augmenter, car les associations se déploient notamment là où l’État fait défaut ; et dans le contexte de crise économique, sociale et environnementale que nous traversons, les associations sont encore plus sollicitées qu’à l’ordinaire.

Véritables laboratoires d’idées, les associations proposent bien souvent des solutions innovantes qui font leurs preuves et sont, par la suite, source d’inspiration pour les pouvoirs publics. C’est pourquoi il est capital de garantir le dynamisme de notre tissu associatif, notamment dans le contexte actuel de morosité dont nous peinons à sortir. C’est aussi pourquoi les difficultés financières des associations nous inquiètent. Il aurait d’ailleurs été intéressant que la commission des affaires culturelles et de l’éducation de notre assemblée se saisisse de cet enjeu. Je souscris donc pleinement à la démarche de mes collègues du groupe GDR, qui permettra à la représentation nationale d’étudier avec précision les difficultés du monde associatif et de proposer des réponses concrètes et d’avenir.

Sur la question du financement, le projet de loi sur l’économie sociale et solidaire – que nous avons adopté en première lecture la semaine dernière – est un bon début puisqu’il consolide son régime juridique des subventions.

Les appels à initiatives constituent une autre avancée : ils favorisent la co-élaboration de projets en phase avec les besoins locaux. Pour vraiment répondre aux besoins des populations, il n’est plus possible de tordre les projets pour qu’ils rentrent dans des cases déconnectées des réalités ! C’est là un des problèmes majeurs des appels à projets classiques, qui passent sous silence les besoins structurels de fonctionnement, conduisent à écarter les petites structures, favorisent le « moins disant » à la place du « mieux disant » et réduisent les associations à de simples prestataires de services en étouffant toute capacité d’innovation !

Il convient aussi de s’intéresser aux nouvelles sources de financement qui se développent, comme le crowdfunding. Le financement participatif est intéressant, mais il ne doit pas se développer au détriment des subventions et de la responsabilité de la puissance publique. Celle-ci devra, elle aussi, être interrogée au cours des travaux de cette commission d’enquête. Aux baisses dramatiques de crédits sous la droite, a en effet succédé un simple maintien des lignes budgétaires, alors que les besoins explosent et que nous devrions au contraire augmenter notre soutien !

Pour affronter la crise actuelle que traversent les associations, la question financière est cruciale, mais d’autres le sont tout autant. Espérons que cette commission d’enquête sera suffisamment ambitieuse pour s’intéresser aux autres défis à relever. Pour redynamiser l’engagement citoyen, par exemple, osons poser la question du bénévolat, de sa crise et de ses nouvelles formes. Osons faire le bilan des emplois d’avenir et du service civique. Osons parler de l’emploi en milieu associatif. Quelles réponses apporter au besoin en emplois qualifiés, ou au problème que posent les emplois précaires et le turn-over ? Comment accompagner les salariés et les bénévoles ? Comment les former ?

Ces questions ne sont pas marginales. Rien qu’en Picardie, sur 30 000 associations actives – qui représentent pas moins de 250 000 bénévoles –, 4 130 sont des structures employeuses. Cela représente 42 000 salariés, soit 10 % de l’emploi privé de la région !

« Inventer pour préparer l’avenir » : tel était le titre du cahier du journal Le Monde daté du 3 décembre dernier. Oui, le tissu associatif devra être inventif pour continuer à proposer des solutions innovantes face à des besoins croissants, dans un contexte financier difficile. Oui, la puissance publique – qui s’appuie sans relâche sur le tissu associatif – doit elle aussi prendre ses responsabilités afin de parvenir à bâtir dans la durée une relation pérenne de co-construction des politiques.

Les écologistes voteront donc, bien entendu, pour la création de cette commission d’enquête.

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