Je ne parlais pas de la plateforme de signalement, mais bien du dispositif permettant, dans chaque département, de mobiliser à des fins préventives, autour de ces jeunes et de leur famille, toutes les administrations de l’État. Il s’agit d’un accompagnement global, coordonné à ma demande par les préfets et les procureurs de la République, et qui donne lieu chaque mois à un rapport remis au ministre de l’intérieur. Toutes les administrations de l’État et des collectivités territoriales sont concernées, y compris l’éducation nationale, dans la mesure où le décrochage scolaire peut être un élément annonciateur du basculement.
Ce que vous dites concernant l’Union européenne n’est pas davantage exact. Le système d’information Schengen existe, de même que le signalement à ce fichier. Ce qui n’existe pas encore – mais grâce au travail effectué par les pays membres, nous n’avons plus que quelques semaines à attendre –, c’est un signalement identique, permettant à tous les pays de l’Union de travailler ensemble.
Par ailleurs, je vous invite à examiner les législations en vigueur dans d’autres pays de l’Union européenne, et qui sont assez semblables à celle que nous adoptons. En effet, au sein du G9 comme du G6, les ministres de l’intérieur ont décidé de faire converger les législations de leurs pays afin de favoriser une action européenne efficace.
Enfin, vous demandez ce que nous faisons des individus les plus dangereux. Lorsque nous disposons de suffisamment d’éléments témoignant de cette dangerosité, nous les faisons surveiller par les services dont c’est le rôle. Et tous les jours, nous arrêtons des gens, parce que nous considérons que leur cas est suffisamment sérieux pour être confié à l’ordre judiciaire. Je vous ai d’ailleurs indiqué, hier, le nombre de personnes interpellées et mises en examen. Quant aux autres, ceux que nous ne surveillons pas, ils sont directement mis entre les mains de la justice. En effet, si nous ne les surveillons pas, s’ils relèvent d’un autre dispositif – l’incarcération, en l’occurrence –, c’est qu’ils ont déjà commis des infractions pénales justifiant leur passage devant le juge judiciaire.
En réalité, nous disposons d’un système à la fois complet et efficace. Il suffit d’observer, monsieur Lellouche, le nombre de personnes que nous arrêtons chaque semaine dans toutes les villes de France, contribuant ainsi au démantèlement de réseaux de djihadistes. C’est la preuve de l’efficacité des services, même si je dois reconnaître devant la représentation nationale que si zéro précaution entraîne 100 % de risques, 100 % de précautions, en matière de lutte contre le terrorisme, ne permettront jamais d’atteindre le risque zéro.