Intervention de Julien Aubert

Séance en hémicycle du 9 décembre 2014 à 21h30
Réforme de l'asile — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Elle fonde toute notre tradition d’accueil des demandeurs d’asile.

Je me souviens d’avoir, en 2002, assisté à la création d’un CADA, un Centre d’accueil de demandeurs d’asile ; je ne sais pas si d’autres députés ont eu une telle expérience. J’avais, à l’époque, bataillé contre les élus locaux, car personne ne voulait accueillir ce centre. Certains de nos collègues soutiennent qu’il suffirait de modifier la loi SRU – loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains – pour faciliter l’installation des CADA : cela témoigne d’une vision idéaliste, éloignée des réalités du terrain ! Déjà, à l’époque, il y avait des problèmes de surpopulation, et donc un manque d’hébergements. En quatorze ans, la proportion de demandeurs d’asile a explosé, et le problème s’est aggravé.

Derrière tout cela, un problème de justice sociale se pose, dont nous n’avons pas beaucoup parlé. La France n’est pas à la hauteur de sa tradition en matière d’asile. En effet, les véritables demandeurs d’asile se retrouvent en fin de compte dépourvus de droits, inquiétés, parce qu’on les mélange avec des personnes qui, normalement, ne devraient pas être éligibles.

Il ne faut pas oublier la dimension humaine de ce problème, les drames qui y sont liés : il relève de notre responsabilité, à la fois économique et politique, de fortifier ce texte. À ce titre, j’espère que les amendements que nous avons déposés sur les articles du projet de loi seront acceptés.

Le problème a d’abord une dimension économique : plutôt que de créer des filtres et de définir des parcours, il faudrait allouer plus de moyens à l’OFPRA pour examiner les dossiers dans un délai restreint. Il faudrait aussi sacraliser le principe selon lequel les déboutés doivent être automatiquement éloignés du territoire. C’est la seule manière de désengorger le système, et cela coûtera beaucoup moins cher que de multiplier les centres d’hébergement. Nous savons bien, en effet, que sans les fausses demandes d’asile, nous n’aurions pas de problèmes d’hébergement !

Je vous invite donc à assumer la sélection, au nom même de notre tradition d’asile. Nous le devons aux véritables demandeurs d’asile. La France est dans une situation de saturation vis-à-vis de l’immigration : le meilleur service que nous pouvons rendre aux demandeurs d’asile, c’est de créer ce filtre, d’établir cette sélection.

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