Tout peut être mécanique, à une exception : nous sommes des êtres pensants. Selon Descartes, qui a dit : « Je pense, donc je suis », notre existence humaine est liée à notre pensée. Si Jean-Frédéric Poisson me permet de citer un philosophe chrétien, je rappelle que Pascal dit des choses pas très éloignées sur le « roseau pensant ». Même si ce roseau pensant était écrasé par la nature, il aurait un avantage majeur, selon Pascal : il sait, lui, qu’il va être écrasé par la nature, alors que la nature ne le sait pas.
Telle est la véritable existence humaine, au sens de la loi de 2005. Quand il n’y a plus de pensée, ni de conscience de soi-même, ni de relation à l’autre, autrement dit lorsque le cerveau est totalement détruit, alors la vie est sans pensée et donc purement biologique : il s’agit d’un maintien artificiel de la vie.
Loin de moi l’idée qu’une telle personne ne serait plus humaine : elle est encore humaine ! Loin de moi l’idée qu’elle n’aurait pas droit à sa dignité : elle a droit à sa dignité ! La seule question que l’on doit se poser est la suivante : ainsi que M. Dhuicq a eu raison de le rappeler, on pourra peut-être demain maintenir tous les corps en vie avec des systèmes mécaniques. Mais ceux-ci permettront seulement de maintenir en vie des corps : il n’y aura pas de pensée possible en cas d’irréversibilité des lésions majeures subies par les cerveaux.