Je vais quitter Jean Jaurès pour en revenir à un aspect technique, abordé à l’article précédent. Avec ces boîtes noires, il s’agit bien de surveillance généralisée – je maintiens mes propos, mais je ne suis pas allé jusqu’à parler de surveillance de masse.
Je prendrai l’exemple du projet « Google Glass », que chacun connaît peu ou prou : Google vend des lunettes dotées de caméras permanentes. Elles n’ont bien sûr pas pour but d’enregistrer en permanence. Néanmoins, elles sont suffisamment dérangeantes pour que de nombreuses entreprises et municipalités les aient interdites. Ce que vous proposez de faire avec les boîtes noires et les algorithmes, c’est la même chose, en cent fois pire, mais, comme les Français n’auront pas les caméras sous les yeux, ils ne s’en rendront tout simplement pas compte.
D’ici au vote solennel de la loi, mardi 5 mai, je vous encourage à revoir un épisode de la série Black Mirror, diffusé le 15 mai 2014 sur France 4. L’épisode no 3, intitulé : « Retour sur image », suscitera sans nul doute de nombreuses réflexions. En effet, dans ce film, une puce implantée derrière l’oreille stocke les images, les souvenirs et permet aux hommes et aux femmes de les consulter quand bon leur semble. Cet épisode, ce « retour sur image », relève peut-être encore de la science-fiction mais, pour certains, il reflète déjà la réalité. Les conséquences sociétales présentées dans ce film, qui n’est encore qu’une fiction – du moins aujourd’hui, et encore pour quelques mois, voire quelques années – nous incitent à la réflexion sur l’ensemble de ce texte.