Intervention de Isabelle Attard

Séance en hémicycle du 16 avril 2015 à 9h30
Renseignement — Article 8

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Attard :

J’en viens à ce que l’on appelle le « point Godwin ». De fait, quelques explications, à la suite de la référence à l’épisode de « Black Mirror » s’imposent, mais cette fois-ci sur un autre sujet. Chacun sait que le « point Godwin » désigne le fait de faire référence à la Deuxième Guerre mondiale et aux nazis alors que ce n’est absolument pas le sujet. Or, en l’occurrence, c’est un sujet d’actualité, bien qu’il se rapporte aux années 1933 et 1939.

Nous parlons depuis quelques jours des métadonnées, des données de connexion que nous comptons intercepter, notamment avec les boîtes noires. Je voudrais rappeler que les fichiers ont toujours existé. De fait, j’entends dire, dans l’hémicycle comme à l’extérieur, qu’il serait vain de chercher à rectifier ce projet de loi puisque nous sommes tous fichés. Certes, il existe des listes et des fichiers, mais il n’y a ni surveillance généralisée de la population, ni croisement systématique des données. Or, en Hollande, dans les années 1930, la société DEOMAG, qui appartenait à IBM depuis 1922, a fait ce travail de croisement de données pour le compte de l’État allemand, en utilisant les données concernant la résidence, la religion et le statut marital, c’est-à-dire en associant des fichiers déjà existants. Ce travail se faisait à partir de la machine OLRIT – une machine extrêmement puissante utilisée en 1933 et 1939.

J’évoque depuis quelques jours le risque que ces boîtes noires tombent dans de mauvaises mains, à la suite d’un piratage. Quelques-uns, parmi vous, ont souri en m’entendant mais, si l’on se remémore l’époque que je viens de rappeler, je ne pense pas que l’on puisse sourire. Comment peut-on employer l’argument de la confiance dans les utilisateurs de ces techniques ? Willy Edinger, P-DG de la société DEOMAG déclarait, le 8 janvier 1934 : « Nous avons une totale confiance dans notre physicien et nous suivons ses consignes aveuglément, car nous savons qu’il mènera notre pays vers un grand avenir. » La confiance doit avoir des limites !

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