Tout a été dit sur le fond et je n’y insisterai pas. Si je souhaite intervenir à ce moment de nos débats, c’est pour faire passer un message à nos concitoyens et à ceux qui les informent, les journalistes. Voilà plus de trois heures que nous avons commencé l’examen du texte et nous en arrivons à cet article 16 qui, pour beaucoup de ces derniers, constitue le seul et unique objet de la proposition de loi. Or nos débats montrent qu’il n’en est rien. Parce qu’il est nécessaire que nos concitoyens comprennent bien ce que nous sommes en train de faire, il faut que ceux qui ont la responsabilité de les informer aient conscience que le texte que nous allons voter n’a pas pour unique objectif de chercher des coupables et de punir le client.
C’est pourtant ce que je lis et entends encore. Lorsque l’on m’interroge, c’est pour me dire : « Alors, cette loi sur la pénalisation du client ? »
Je n’ai nullement honte de ce que nous faisons. C’est en toute responsabilité que nous souhaitons voir le client responsabilisé et, s’il le faut, puni de son manque de responsabilité. Mais il est anormal de limiter la portée de ce texte à cette disposition, certes importante, qui n’est qu’un des piliers sur lesquels nous avons assis notre réflexion, notre stratégie et notre volonté politique. Lutter aussi intensément que nous pourrons le faire contre la traite et le proxénétisme, protéger autant que nous le pourrons, sans créer pour autant d’effet d’aubaine, tels sont les deux premiers piliers. Le troisième, enfin, consiste à interroger nos concitoyens, et ceux parmi eux qui se livrent à l’achat de biens prostitutionnels, sur la conscience qu’ils ont de ce à quoi ils participent et de l’état de la société qu’ils entretiennent par ce comportement.
Je souhaitais le dire car il faut que les Français sachent que les parlementaires travaillent sur un sujet dont la complexité n’a échappé à personne et qu’il est essentiel de traiter sous tous ses aspects. Limiter ce qui sera dit de nos travaux à la pénalisation des clients serait une erreur objective et une mauvaise façon de traiter l’information destinée à nos concitoyens.