Intervention de Pierre Aylagas

Séance en hémicycle du 15 septembre 2015 à 21h30
Adaptation de la société au vieillissement — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Aylagas :

Monsieur le président, madame la secrétaire d’État chargée de la famille, de l’enfance, des personnes âgées et de l’autonomie, madame la rapporteure, mes chers collègues, nous examinons en deuxième lecture le projet de loi d’adaptation de la société au vieillissement, dont la vocation affichée, comme le rappelle l’exposé des motifs du projet de loi initial, est de créer un cadre qui permette à l’ensemble des acteurs concernés de se projeter dans l’avenir en anticipant la perte d’autonomie, en la prenant mieux en charge lorsqu’elle survient et en adaptant la société au vieillissement. Il promeut une approche territoriale permettant d’appréhender les enjeux locaux et l’organisation des réponses par les acteurs en présence.

Différentes études démographiques font état de l’allongement de la durée de vie, du moins dans nos sociétés occidentales, qui va globalement de pair avec une santé meilleure que par le passé ou avec un meilleur accès aux soins et une meilleure prise en charge. Cependant il faut y regarder de plus près et prendre en compte les situations sociales. En effet cette question de l’avancée de l’âge, du vieillissement ou de la vieillesse, qui sont des notions différentes, est intrinsèquement liée à la question sociale.

L’âge n’efface pas les inégalités sociales. Agir comme si c’était le cas reviendrait à reproduire, voire à accentuer certains clichés à propos des personnes âgées. Ce n’est pas parce qu’on est vieux qu’on est nécessairement plus riche et ce n’est pas parce qu’on est jeune qu’on est plus pauvre. Prenons garde à ne pas enfermer les personnes dans des clichés liés à l’âge. Être jeune ou vieux n’est ni une qualité ni un défaut ; c’est une étape de la vie comme une autre, sachant que la vie est fonction de critères autres que l’âge. Il y a autant de différences sociales, culturelles ou autres entre deux personnes âgées qu’entre deux trentenaires.

Comment perçoit-on le vieillissement dont il est ici question ? Est-ce le vieillissement ou la vieillesse ? Comment vieillit-on selon qu’on a eu une vie professionnelle épanouissante, ou qu’on a travaillé dans des conditions pénibles ou vécu dans la précarité et l’isolement, selon qu’on a des moyens financiers, des réflexes ou des liens sociaux qui permettent de vivre convenablement ou que l’on n’a pas cette chance ?

Ces questions, qui touchent l’ensemble de la population, prennent une acuité particulière chez les plus âgés, les personnes de plus de soixante ans étant particulièrement frappées par les troubles de santé, telle la maladie d’Alzheimer et les pathologies apparentées, ayant pour conséquence une perte d’autonomie et des besoins importants en termes d’accompagnement médical.

Les situations de handicap ne concernent pas uniquement les personnes âgées, elles sont une réalité pour des milliers de personnes. Mais les personnes âgées malades y sont plus particulièrement confrontées, le principal dispositif d’aide financière, l’allocation personnalisée d’autonomie, l’APA, ne couvrant qu’une infime partie de leurs besoins d’aide et d’accompagnement.

Il ne faut pas qu’une personne malade ou handicapée soit discriminée en raison de son âge. Cette question est liée à celles de la vulnérabilité sociale, de l’accès aux soins, de l’isolement, de l’intégration dans un environnement social, de l’aide aux aidants, de la possibilité ou non de rester chez soi dans de bonnes conditions quand on est vieux et malade. On sait que le tarif des maisons de retraite est prohibitif, puisqu’il varie entre 2 200 et 2 800 euros par mois en moyenne, alors que le montant moyen des pensions de retraite est d’environ 1 100 euros, et bien plus faible encore pour les femmes.

Autant de questions qui touchent au vivre ensemble, quelle que soit la génération à laquelle on appartient, ainsi qu’au devoir de solidarité, notamment vis-à-vis des plus fragilisés socialement, qui doit nous animer.

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