La question du grand âge constitue un défi essentiel pour notre société puisque c’est sa capacité à garantir la dignité des personnes âgées et dépendantes qui est en jeu. Elle représente également un défi financier, qui engage la préservation de notre modèle social et met à l’épreuve le pouvoir d’achat des familles, qui ne peuvent pas supporter un reste à charge d’une importance telle que ce qui existe actuellement.
Face à des enjeux aussi cruciaux, on ne peut que regretter les insuffisances de ce texte, qui donne la priorité au maintien à domicile au détriment de la prise en charge en établissement et qui ne permet pas de répondre au défi de la dépendance, car la perte d’autonomie ne se résume pas à la seule question du grand âge. Il faudrait en effet une véritable harmonisation de l’évaluation des situations de dépendance à travers la mise en place d’un référentiel d’éligibilité unique, qui intégrerait l’ensemble des situations de handicap ouvrant droit à une rente évaluée en fonction du degré de dépendance. Nous demandons également davantage de mesures en faveur du secteur des services à la personne, car il joue un rôle essentiel dans la prise en charge de la perte d’autonomie, ainsi que la création d’un statut de l’aidant à part entière.
Enfin, le projet de loi n’est pas suffisamment ambitieux concernant l’indispensable réduction des inégalités sociales et territoriales, alors même que de fortes disparités demeurent en matière de gestion des aides au niveau départemental. En tant qu’élu d’une circonscription rurale de Mayenne, je constate que les attentes sont immenses. Les familles veulent pouvoir faire face à l’enjeu de la dépendance, pour leurs aînés, mais aussi pour elles-mêmes. Or je crains qu’il n’y ait un décalage entre les attentes exprimées et les mesures proposés dans ce texte.