Madame la ministre, en tant que président de l’un des plus anciens festivals de France, qui se déroule chaque été depuis 1869 dans un monument historique aussi remarquable que le théâtre antique d’Orange – vous vous y êtes d’ailleurs rendue, ce dont je vous remercie –, je ne peux naturellement que me féliciter de l’inscription à notre ordre du jour d’un projet de loi traitant à la fois de la création, de l’architecture et du patrimoine. Il va en effet sans dire que je suis convaincu de l’existence d’une filiation forte entre la création artistique et le patrimoine, qu’il soit architectural ou immatériel.
Mes fonctions de président des Chorégies d’Orange m’ont également permis de voir concrètement combien la culture pouvait faire l’objet de pressions et d’interventions visant à limiter l’indépendance artistique. Grâce au dialogue et à la bonne volonté des uns et des autres, grâce au temps, aussi, cette situation est heureusement révolue, s’agissant de ce festival, mais l’actualité nous montre chaque jour à quel point il s’agit là d’un combat permanent dans le monde, mais aussi en France.
Par ailleurs, madame la ministre, vous savez combien la démocratisation de la culture, son accès au plus grand nombre sont des sujets centraux, que nous traitons, certes modestement, avec notre équipe de ce beau festival que sont les Chorégies d’Orange. De la même manière, le puissant vecteur économique que constitue la culture, ainsi que les questions de l’emploi, de la formation professionnelle ou de l’engagement – du désengagement, devrais-je plutôt dire – de l’État et des collectivités locales, font partie, comme vous le savez, de nos préoccupations.
Le temps nous étant compté, je ne dirais qu’un mot du présent article, qui a pour objet de garantir un meilleur équilibre de la relation contractuelle unissant les artistes-interprètes et les producteurs, en leur appliquant des dispositions comparables à celles qui régissent les contrats d’auteur. Comme nombre de mes collègues, je suis assez gêné de devoir traiter ce sujet de manière relativement précipitée et confuse, alors que la médiation Schwartz a, semble-t-il, échoué. Sur ce sujet des plus sensibles, il n’y a pas, à mes yeux, d’un côté les bons, de l’autre les méchants. J’espère que la bataille d’amendements qui va avoir lieu sur les articles à venir ne livrera pas cette question à la caricature.