Le destin du monde, l’équilibre de notre pays et de l’Europe à un horizon d’une dizaine d’années se jouent en Afrique et sur la capacité du reste du monde à donner un avenir à la jeunesse de ce continent. L’extraordinaire croissance économique de ce dernier ne lui permet même pas d’assurer à la population issue d’un développement démographique exceptionnel un accès aux services de base qui donnent un sens à la vie et au mot « dignité ». Comment, dans ces conditions, pouvons-nous espérer que les adolescents d’aujourd’hui ne deviennent les migrants économiques de demain, et cela quelles que soient les clôtures et barrières que nous érigerons, ou le terreau de toutes formes de révolte et de terrorisme ?
Face à ce défi, l’objectif d’une aide publique au développement française à 0,7 % du revenu national brut en 2030 n’est ni digne ni responsable. Puissions-nous au moins retrouver en 2017 le même niveau qu’en 2012, et que vous laissiez la maison aussi propre que vous l’avez trouvée en arrivant !
Relever le défi qui nous est imposé suppose de réaliser des investissements massifs et rapides en Afrique, en combinant investissements privés, prêts et dons – sans lesquels les conditions d’accès des populations aux services de base ne seraient pas supportables.
J’entends bien que l’on promet d’accorder 4 milliards de plus à l’horizon 2020, mais l’adossement de l’Agence française de développement – AFD – à la Caisse des dépôts et consignations laisserait plutôt supposer que l’on s’oriente vers un accroissement des prêts, que l’AFD ne peut, pour l’heure, envisager seule.
« La maison brûle ! », s’écriait Jacques Chirac. Il est grand temps d’en prendre à nouveau conscience. Nous ne pouvons pas assurer à nos enfants qu’ils seront heureux dans ce pays si le reste du monde vit dans le désordre et dans le malheur. La France doit être une nouvelle fois au rendez-vous de l’Histoire et inspirer l’avenir. Vous en avez, madame la secrétaire l’État, la responsabilité – ainsi que l’occasion.