Madame la présidente, madame la secrétaire d’État, madame la présidente de la commission, madame la rapporteure, mes chers collègues, nous arrivons aujourd’hui au terme du long parcours d’un projet de loi déposé il y a plus d’un an et demi. Notre assemblée a déjà abondamment débattu de ce texte, que ce soit en commission ou dans cet hémicycle, tout comme l’a fait le Sénat, jusqu’à ce que nous arrivions à un accord la semaine dernière, lors de la réunion de la commission mixte paritaire. Nous avons dorénavant un texte qui a largement été enrichi au fil des discussions et qui a su répondre aux préoccupations des professionnels du secteur, des familles et des associations.
Aujourd’hui, nous avons hâte que les dispositions qu’il contient puissent enfin entrer en application, car le vieillissement est une réalité forte : les attentes de nos concitoyens sont considérables en la matière. Aujourd’hui, grâce aux progrès techniques, à la médecine et à notre système de protection sociale, l’espérance de vie des Français augmente. Certes, elle est inégale – cela a été souligné ce matin : celle d’un cadre est différente de celle d’un ouvrier. L’INSEE projette toutefois un allongement continu de l’espérance de vie d’ici à 2060. Elle devrait être, à cette date, de 86 ans pour les hommes et de 91 ans pour les femmes.
Les personnes âgées de soixante ans et plus sont au nombre de quinze millions aujourd’hui. Elles seront près de vingt-quatre millions en 2060. Cet allongement de l’espérance de vie est à la fois un signe de progrès considérable pour notre société et un défi à relever – un défi social, humain et économique. C’est un défi, non seulement parce que toute notre société doit s’adapter et se préparer dans plusieurs de ses composantes, mais surtout parce que les enjeux liés au vieillissement sont universels et destinés à concerner chacun d’entre nous. Il convient dès lors d’assurer à tous l’égalité, notamment face au risque de perte d’autonomie. Ce projet de loi a pour ambition de ne pas se concentrer uniquement sur les personnes âgées et sur les professionnels qui les accompagnent. Il cherche au contraire à inclure chaque citoyen dans la prise en compte du vieillissement et de mobiliser toute la société afin qu’elle s’adapte à ces contraintes grandissantes.
Certes, la réflexion n’est pas complètement nouvelle : elle s’inscrit dans les politiques publiques mises en place ces quinze dernières années en faveur des personnes âgées. C’est la démarche qui, aujourd’hui, est nouvelle. Pour la première fois, un texte de programmation et d’orientation aborde la question du vieillissement d’une manière globale, positive et novatrice. Il introduit des avancées majeures – cela a été souligné – et dessine de nouvelles perspectives pour l’avenir. Véritable projet de justice sociale, porteur d’un changement de regard sur la vieillesse, ce texte, loin de se contenter de réagir à des problèmes déjà trop ancrés, se place davantage dans l’anticipation à des évolutions de la société.
Trois mots d’ordre ont présidé à ce texte : prévenir, adapter et accompagner. Prévenir et repérer les facteurs de risque est essentiel afin de garantir au mieux le niveau et la qualité de vie de nos concitoyens âgés en permettant de se préparer et de faciliter le recours à des aides en cas de besoin et de retarder ainsi la perte d’autonomie. L’âge n’est en rien une fatalité, car si l’avancée en âge est inexorable, elle est prévisible.
Prévoir les effets de l’allongement de la durée de vie est aussi une manière de nous y adapter. Ce texte permet de préciser la place et le rôle de nos aînés dans la société en adaptant nos politiques publiques. Par exemple, l’adaptation des logements représente un véritable atout pour parer à la perte d’autonomie. De même, l’adaptation de certains emplois peut être bénéfique pour notre économie.
Enfin, ce texte propose d’accompagner les Françaises et les Français en permettant à ceux qui le souhaitent de vivre à domicile dans de bonnes conditions.
Comme d’autres intervenants, je souhaite souligner le soutien et la considération apportés aux aidants, principalement des femmes, qui sont des piliers, souvent isolés, de la solidarité envers nos aînés. Je souhaite également saluer l’introduction du droit au répit et la réforme de l’APA, qui trouve aujourd’hui certaines limites, mais qui a prouvé en quinze ans son utilité et sa pertinence pour accompagner les plus dépendants et préserver l’autonomie de ceux qui le sont moins. Voilà autant de mesures qui doivent se concrétiser rapidement pour répondre aux besoins grandissants de notre société.
Madame la secrétaire d’État, nous ne pouvons qu’espérer que ce texte, une fois voté par le Parlement, sera mis en oeuvre rapidement. Il en va de notre préparation, à tous, aux enjeux qui nous attendent.
Je conclus en saluant le travail de tous ceux qui ont contribué à ce texte, en particulier de notre rapporteure, Joëlle Huillier.