Intervention de Nicolas Dupont-Aignan

Séance en hémicycle du 16 décembre 2015 à 15h00
Proposition de loi organique de modernisation des règles applicables à l'élection présidentielle — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Dupont-Aignan :

Cette séance est surréaliste ! Sous prétexte de modernisation et autres grands mots, on assiste, à la veille des congés d’hiver, au verrouillage scandaleux, insolent, indécent, de l’élection présidentielle par le Gouvernement. Il s’agit pourtant du dernier espace de liberté démocratique.

Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. J’ai entendu à la tribune des propos incroyables. Tout va très mal – oh, il ne s’agit pas du chômage, de l’absence d’augmentation du SMIC ou du mode de scrutin pour les élections régionales, non, il s’agit de l’élection présidentielle ! C’est pourtant l’élection qui suscite le plus de participation, celle qui, avec les municipales, intéresse les Français ; mais il faut que vous vous penchiez dessus, pour exclure, empêcher le débat et verrouiller l’élection – de deux façons : d’abord en limitant le nombre de candidats, puis en muselant ceux qui auront pu passer la barre des 500 parrainages par la remise en cause de l’égalité du temps de parole.

Je sais, pour avoir déjà participé à cette élection, que ce n’est pas en deux semaines que l’on peut convaincre : c’est en cinq semaines – mais nous en reparlerons à l’article 4.

Revenons plutôt sur la question des parrainages. Vous n’imaginez pas le parcours du combattant que cela représente que d’arriver à convaincre des maires de vous accorder leur parrainage. Je vous en parle de connaissance de cause : je l’ai vécu. Si vous permettez aux maires de se contenter d’envoyer un formulaire au Conseil constitutionnel, vous mettrez les candidats dans une situation impossible.

Monsieur le ministre, je vous connais et je sais votre sincérité, quels que soient nos désaccords ; mais vous n’imaginez pas les conséquences d’une telle disposition, qui risque d’aboutir à une élection présidentielle à trois ou quatre candidats. Vous prétendez moderniser l’élection présidentielle, mais vous ne réussirez qu’à la bloquer. Il faudra à la dernière minute trouver des maires pour parrainer des candidats, car la conjonction de l’envoi direct du formulaire et de la publication des noms des parrains deux fois par semaine va susciter la mise en cause des maires qui souhaiteront parrainer tel ou tel candidat par les grands élus, le système des agglomérations et, plus largement, la manière dont fonctionne notre système local.

Résultat : vous allez casser bras et jambes à des candidats qui représentent certains courants d’opinion – et je ne parle pas de moi –, pour vous retrouver en définitive avec trois ou quatre candidats seulement. On sera dans une situation impensable pour une démocratie, et vous en subirez les conséquences, car vous allez instituer par force un tripartisme et faire d’un certain parti la seule alternative politique.

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