Je voudrais vous relater, madame la secrétaire d’État, mon expérience. Quand j’étais très jeune, j’ai décidé de faire des études aux États-Unis. Pour y parvenir, il fallait entre autres passer un examen linguistique – le TOEFL, test of english as a foreign language –, à la charge de l’étudiant. J’ai donc financé, étudiant pauvre, mon propre examen. Ce système perdure, ainsi que dans bien d’autres pays. À l’université Galatasaray, où j’ai enseigné, et au lycée Galatasaray, situés à Istanbul, ou aussi dans un certain nombre de lycées français à l’étranger, savez-vous que les formations linguistiques sont en général payantes ? Les Français et les étrangers qui placent leurs enfants dans nos lycées français payent pour l’enseignement de notre langue, sans que ces derniers aient pour autant la garantie de pouvoir entrer en France après. Mais ils font l’effort.
Au fond, il s’agit d’une question de justice. Au nom de quoi le contribuable français prendrait en charge l’enseignement du français pour n’importe qui venant de n’importe où, sans critère d’utilité pour notre société, sans le moindre filtrage ? Qu’on m’explique au nom de quelle justice, au nom de quel concept d’équité, un tel système peut être mis en place. Je verrai d’un tout autre oeil celui ou celle qui fera l’effort de venir vers la France en apprenant sa langue à ses frais plutôt que d’attendre que ça se passe en n’acquérant qu’un niveau minimum.