Jusqu’au 13 avril 1946 et à la loi dite « Marthe Richard », la prostitution se déroule dans des maisons closes – 200 à Paris, où travaillent très officiellement 1 500 prostituées. Ce sont aussi bien des lieux d’abattage plus ou moins infâmes que des cabarets, connus et estimés, tels le One Two Two, le Sphinx ou le Chabanais, où se retrouvent bourgeois, hommes d’affaires et élus de la République – le plus souvent des sénateurs. Au One Two Two, en particulier, on peut rencontrer Sacha Guitry, Jean Gabin ou même, ce qui est plus curieux, Colette et Marlene Dietrich, que certains y ont entendu chanter Lili Marleen. Le ministère des finances n’y voit bien sûr qu’avantage, puisque la République récupère jusqu’à 60 % des bénéfices des 700 maisons closes ouvertes en France, et « Madame Claude », qui vient de nous quitter, confiait aux « services » les secrets obtenus par ses protégées.
Selon le rapport de la commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi sur le système prostitutionnel, le chiffre d’affaires annuel de la prostitution en France serait de 3 milliards d’euros.
Avec la fermeture des maisons closes, des milliers de femmes ont été brutalement jetées sur le trottoir, abandonnant l’univers glauque, mais vaguement sécurisé, des maisons closes.