Voilà pourquoi la cohérence consiste, comme le fait ce texte, à dépénaliser les prostituées, qui sont des victimes, à créer des parcours de sortie de prostitution incluant accompagnement social et sanitaire, accès au logement, titre de séjour. C’est promouvoir une sexualité libre et égalitaire. C’est s’attaquer aux proxénètes et réseaux de traite des êtres humains avec encore plus de vigueur, y compris sur internet.
Mais c’est aussi et enfin traiter les grands oubliés, qui sont pourtant le rouage clé du système : les clients, les consommateurs irresponsables et jouisseurs unilatéraux de vagins, de bouches et d’anus. C’est même l’aspect le plus révolutionnaire de ce texte. Nous assumons de dire que tant qu’il y aura irresponsabilité de la demande, il y aura justification implicite de la violence. Tant que la société n’explicitera pas sa condamnation des auteurs de violence, il y aura des victimes.
Certains voudraient aller plus loin, en qualifiant de délit l’acte d’acheter une prestation sexuelle. Je les comprends, mais l’essentiel est que nous franchissions ce cap de la condamnation des clients ; l’essentiel est que la société dise haut et fort qu’un corps ne se loue pas, ne se vend pas, que la sexualité doit être égalitaire, consentie et un plaisir partagé.
Non, il n’y a pas d’un côté des êtres aux besoins irrépressibles et, d’un autre, des corps dénués de sentiment, de sensation et de désir. Il n’y a qu’une humanité, à égalité de droits et de dignité : c’est cela que nous allons voter.