Intervention de Manuel Valls

Séance en hémicycle du 5 février 2016 à 9h30
Protection de la nation — Motion de rejet préalable

Manuel Valls, Premier ministre :

Nous ne parlons pas de binationaux, nous ne parlons pas d’autres Français, nous parlons de terroristes. La nation a donc besoin non seulement d’être rassemblée, mais aussi d’être protégée, ce à quoi tendent tous les choix que nous faisons depuis 2012, et que nos prédécesseurs ont pu aussi être amenés à faire, les deux lois qui ont été votées – celle relative à la lutte contre le terrorisme et la loi sur le renseignement – et le projet de loi qui va être présenté par le garde des sceaux, ministre de la justice, ici même, dans quelques semaines, après avoir été examiné par le Conseil d’État et préparé depuis des semaines, pour ne pas dire des mois, par Christiane Taubira – qui l’a elle-même approuvé en conseil des ministres. Ce projet de loi qui a été complété par des dispositifs présentés par le ministre des finances et par le ministre de l’intérieur donnera, de fait, plus de moyens aux policiers, aux gendarmes et aux juges. Mais, comme le rappelait hier, encore une fois, le garde des sceaux, dans une interview au journal Le Parisien –, ce texte sera appliqué dans le respect de la Constitution, c’est-à-dire du rôle de la justice et du juge. Au-delà des débats que nous avons, madame Duflot, tous les actes que nous accomplissons respectent l’État de droit et les libertés.

Enfin, nous traversons des circonstances exceptionnelles. Et c’est sur point, me semble-t-il, qu’il y a une grande différence entre nous. Nous sommes dans un monde qui a profondément changé, qui nécessite de l’engagement, de la clarté, qui nécessite de sortir de toutes les ambiguïtés. Les débats fondamentaux de notre société, sur ce qu’est la nation, ce qu’est être français, ont bien été soulevés. Le rôle et la place des religions sont également débattus. Il y a un questionnement, ce qui est normal, avec l’Islam et au sein de l’Islam. Il y a un questionnement sur l’avenir de la jeunesse. Aucun d’entre nous ne fera une analyse lapidaire de ces mouvements. Nous sommes tous en réflexion, nous cherchons les solutions, nous tâtonnons parfois, parce qu’il faut apporter une réponse. Quand il y a des centaines, des milliers de jeunes, madame Duflot, qui sont gagnés par cette radicalisation, quelle est la réponse ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion