Mieux, le débat a maintenant lieu dans la société. Des personnalités comme Jacques Attali, Pierre Mazeaud, Jacques Toubon et Patrick Weil s’élèvent de plus en plus nombreuses contre ce projet de loi indigne et vous demandent d’y renoncer. Amnesty international a publié hier un rapport allant dans ce sens. Samedi dernier, à Paris comme dans de nombreuses villes de province, nous étions des dizaines de milliers, autour de la Ligue des droits de l’Homme et du collectif « Stop état d’urgence », à dire que nous ne céderons pas. Non, monsieur le Premier ministre, la France n’a pas peur et sait se réveiller lorsque ses principes fondateurs sont mis en cause !
C’est cette France-là, debout, que nous aimons, celle qui ne se soumet pas devant ceux qui veulent l’abattre ! Chaque jour qui passe voit reculer la peur que vous entretenez au nom de la guerre au terrorisme, même si l’opinion est encore majoritairement favorable à ce projet de loi. Nous devons continuer inlassablement à l’éclairer et l’alerter sur les dangers démocratiques découlant du sentiment d’insécurité que suscite votre dérive sécuritaire au nom de l’union sacrée et sous l’effet de la peur. Non seulement l’histoire a montré que l’union sacrée est une défaite de la pensée, mais votre projet institue un mode de gouvernance par la peur, ce carburant politique si pratique qui sert à masquer votre impuissance.
Le texte que vous nous soumettez est inutile et redondant, ce qui constitue le premier motif de notre demande de renvoi en commission. La loi de 1955 qui a institué l’état d’urgence existe. Plusieurs pouvoirs l’ont utilisée. Pour mémoire, nous célébrerons dans trois jours le cinquante-quatrième anniversaire du massacre de Charonne survenu le 8 février 1962. C’est en vertu de cette loi que le préfet Papon a fait intervenir la police contre les manifestants pour la paix en Algérie.