Intervention de Manuel Valls

Séance en hémicycle du 5 février 2016 à 9h30
Protection de la nation — Motion de renvoi en commission

Manuel Valls, Premier ministre :

Monsieur Mamère, si vous voulez intervenir à ma place, n’hésitez pas ! Vous défendez une motion de procédure et vous souhaitez y répondre : voilà sans doute votre vision pleine et entière du débat démocratique.

Il y a tellement d’excès, tellement d’insultes dans vos propos que cela ne sert à rien d’y répondre, à moins de le faire de manière aussi cinglante et précise que Jean-Jacques Urvoas.

Depuis les attentats de janvier 2015, j’essaie, sans y parvenir à chaque fois – il faut être modeste devant cet objectif – de faire en sorte que le débat public soit à la hauteur, que nous échangions des arguments fondés. Il est normal que des désaccords existent, mais les comparaisons auxquelles vous vous livrez sont suffisamment insupportables pour que l’on n’y réponde pas.

Je vous répondrai néanmoins d’un seul mot. Il y a un instant, vous avez affirmé que l’union sacrée signait la défaite de la pensée, évoquant la « dérive sécuritaire » et proférant, d’ailleurs, des mensonges à propos du projet de loi que le ministre de la justice, garde des sceaux, va présenter dans quelques semaines. Je vous rappelle que ce projet de loi a été préparé par la précédente garde des sceaux, Christiane Taubira, que vous avez citée par ailleurs.

Sur cette union sacrée, nous avons un désaccord profond. L’expression « union sacrée » a été utilisée en 1917 et 1918 pour permettre à la France de gagner la Première Guerre mondiale. Cette union est plus que jamais nécessaire. Elle ne remet pas en cause le débat démocratique. Elle ne fait pas reculer les libertés. Elle n’empêche pas la presse de s’exprimer. Elle n’empêche pas de manifester. Elle empêche encore moins, et heureusement, les uns et les autres de s’exprimer dans cette enceinte – vous venez d’ailleurs de le démontrer. L’union sacrée est un impératif.

Vous ne souhaitez pas cette union sacrée, vous ne souhaitez pas ce rassemblement. C’est votre droit. Mais souffrez, monsieur Mamère, que pour réviser la Constitution, pour faire face au terrorisme et à ces actes de guerre, je tente et nous tentions, les uns et les autres, de rassembler. Nous voulons agir avec la majorité, bien sûr, mais aussi avec l’opposition et avec l’ancien président de la République, aujourd’hui président d’une formation politique, Les Républicains. Telle est notre conception de l’union sacrée. C’est l’honneur de la France, et en effet, puisque vous l’avez murmuré au moment où je prenais la parole, c’est aussi notre conception de la gauche et de la France.

Monsieur Mamère, j’ai déjà eu l’occasion de vous dire que nous n’avions plus grand-chose à faire ensemble. Vous le démontrez, et j’en suis heureux.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion