Intervention de Philippe Gosselin

Séance en hémicycle du 24 mars 2016 à 9h30
Proposition de loi organique de modernisation des règles applicables à l'élection présidentielle — Discussion générale commune

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Gosselin :

Même si les insomniaques sont nombreux, même si l’envie de suivre la campagne est réelle, il est vrai que les créneaux ont leur importance. On voit bien que deux minutes à un certain horaire n’ont pas le même effet qu’à un autre.

Pour lever la barrière infranchissable d’une égalité des temps de parole pourtant pratiquée en campagne officielle, nous voilà donc à manier l’équité et les « conditions de programmation comparables ».

Comment ? Il faut voir, concrètement, comment faire. L’équité est appréciée par le CSA au regard de plusieurs critères, déjà valables aujourd’hui, mais néanmoins soumis à une bonne dose d’interprétation : la représentativité de chaque candidat et sa contribution à l’animation du débat électoral. Pas simple !

La représentativité est fondée sur les résultats aux dernières élections – ce qui donne forcément une prime à ceux qui font déjà partie du système – et sur les sondages d’opinion.

La contribution de chaque candidat à l’animation du débat électoral est appréciée par le CSA au travers de plusieurs éléments : l’organisation de réunions publiques – sans tenir compte du nombre de participants, de leur allégresse, ni de leur coiffure ou de leur tenue vestimentaire, mais quand même –, la participation à des débats – or vous savez que certains médias n’invitent pas tous les candidats, que c’est leur liberté et que c’est bien ainsi –, l’utilisation de tout moyen de communication permettant de porter à la connaissance du public les éléments d’un programme politique – ce qui n’est non plus très simple à évaluer. Parle-t-on de Facebook, Twitter, internet en général ? Des textes imprimés, à combien d’exemplaires, dans combien de départements ?

Bref, voilà qui n’a pas l’air tellement plus simple à apprécier et à manier que l’égalité du temps de parole, qui a un côté mécanique et imparfait, j’en conviens, mais qui présente l’avantage d’être simple à constater.

Quant à la liberté éditoriale, la voici remplacée par la notion de « conditions de programmation comparables ». Vous avez refusé, en première lecture, l’inscription dans la loi de critères précis pour définir celles-ci, au motif que les critères devaient rester souples. Charge au CSA d’en faire l’exégèse dans ses recommandations futures !

Tout cela est tout de même bien compliqué. Ces « conditions de programmation comparables » seront forcément une nouvelle contrainte, difficile à manier pour les médias audiovisuels, en particulier pour les chaînes publiques, qui disposent de temps réduits d’exposition des candidats – quelques émissions politiques et les journaux télévisés quotidiens –, à la différence des chaînes d’information qui disposent de plages plus étendues.

On peut donc se demander si l’article 4 peut vraiment améliorer le temps médiatique consacré aux candidats à l’élection présidentielle, et par suite l’information de l’électeur ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion