Intervention de Olivier Klein

Réunion du 31 mai 2016 à 18h00
Commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi Égalité et citoyenneté

Olivier Klein, maire de Clichy-sous-Bois :

De ce point de vue, le Conseil national des villes comporte quatre collèges, dont un nouveau collège « Habitants » qui est l'un des plus actifs. Au fond, les conseils citoyens seront ce que les habitants voudront bien en faire. C'est ainsi que nous l'envisageons à Clichy-sous-Bois, où nous avons effectué un tirage au sort parmi non seulement les citoyens français inscrits sur les listes électorales, mais aussi les autres, la loi ne précisant pas la règle en la matière. Ne pouvant accéder aux fichiers relatifs aux personnes étrangères, nous avons, pour ce faire, fabriqué notre propre fichier à partir des listes de parents d'élèves et autres registres des bailleurs sociaux. Je n'ai rencontré officiellement les membres du conseil citoyen qu'une seule fois ; depuis, ils se réunissent régulièrement. Ils ont choisi le cabinet Métropop' – grâce au financement de la politique de la ville – pour accompagner leur constitution et ont opté pour le statut associatif. Reste à trouver les moyens permettant de financer la formation. Toutefois, le statut de ce conseil l'autorise à demander le financement de projets au titre de la politique de la ville. Quoi qu'il en soit, il me semble nécessaire de laisser les conseils citoyens se développer.

Contrairement à Paris, madame la présidente, Clichy-sous-Bois a la chance, si j'ose dire, que ses conseils de quartier soient quelque peu endormis. Sans doute le conseil citoyen permettra-t-il de repenser leur rôle ; nous avons d'ailleurs sollicité un cabinet de conseil pour relancer la réflexion sur la démocratie participative dans la ville.

La question de la mixité, monsieur Piron, est au coeur de nos travaux : nous avons demandé à l'ONPV de nous aider à qualifier ce qui constitue objectivement un quartier relevant de la politique de la ville. S'agissant de la mixité fonctionnelle, il faut se réjouir du fait que les programmes de rénovation urbaine (PRU) ne soient pas que de simples projets de logement, car cela n'aurait aucun sens. À Clichy et à Montfermeil, par exemple, le PRU consiste certes à détruire mille logements et à en construire mille autres, mais aussi à bâtir trois écoles neuves de sorte que les enfants de ces quartiers soient accueillis dans de très bonnes conditions. Être fier de son quartier, c'est aussi être fier de son école, de ses espaces publics, de son urbanisme, de ses commerces, de ses transports.

Pour que le PRU soit aussi performant dans le Bas-Clichy, toutefois, il faudra atteindre un niveau de financement équivalent. Les trois nouvelles écoles du Haut-Clichy, par exemple, ont pu voir le jour parce que leur construction a été subventionnée à près de 80 % ; il n'est pas certain que nous obtiendrons la même chose du nouveau programme national pour la rénovation urbaine. De plus, il ne suffit pas de trouver les investissements nécessaires à la construction d'un équipement ; encore faut-il pouvoir, dans la foulée, financer son fonctionnement, en particulier dans une ville fragile.

La réussite éducative est un succès là où les équipes concernées parviennent à nouer une relation avec le personnel de l'éducation nationale. Certes, il faut du temps pour surmonter les habitudes, en matière de secret professionnel surtout, et c'est un travail sans fin puisque les personnels et les coordonnateurs de réseaux d'éducation prioritaires (REP) changent. Dans mon territoire, cependant, les équipes enseignantes ont désormais l'habitude de s'adresser aux équipes de réussite éducative ; elles entretiennent un lien de confiance mutuelle et le professionnalisme des unes et des autres est reconnu. J'ajoute que la place des parents est essentielle. La réussite éducative consiste précisément à ne pas s'occuper que d'un enfant en soi, mais aussi à tenir compte de son environnement.

À titre d'exemple, nous avons lancé un projet en matière de diététique car, comme dans beaucoup d'autres quartiers populaires, la question du surpoids concerne bon nombre de nos enfants. Les parents sont étroitement impliqués : j'ai assisté voici quelques jours à une rencontre émouvante entre les enfants, leurs parents et la diététicienne, qui a permis de bâtir un lien fort entre ces différents acteurs.

Nous nous sommes également saisis avec le conseil départemental, l'éducation nationale et les équipes de réussite éducative de la question des exclusions scolaires, notamment de l'accompagnement des enfants dès la première exclusion, et nos efforts portent leurs fruits.

Il va de soi, monsieur le rapporteur général, qu'il serait idéal de réinstaurer un système proche de celui des locaux communs résidentiels (LCR), même si je comprends qu'il soit plus rentable – et nécessaire – d'installer des commerces en rez-de-chaussée des nouveaux immeubles. Il faut aussi trouver des locaux permettant à la vie associative de se développer. De mon point de vue, il n'existe aucune concurrence entre la vie associative et les autres activités : dans nos quartiers, la vie associative est absolument indispensable et remplit bien souvent des missions de service public. Certes, l'argent public doit être utilisé à bon escient et toute dérive doit être évitée ; les associations subventionnées par la politique de la ville doivent concrètement jouer un rôle majeur, voire unique, sur le territoire de leur compétence. Sans être électroniques, nos processus de contrôle permettent à ce stade d'y veiller.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion