Madame la présidente, je pense que vous serez aussi généreuse avec moi qu’avec les deux anciens ministres qui viennent de s’exprimer, respectivement cinq minutes cinquante et cinq minutes cinquante-huit…
Pour éviter les répétitions, je dirai tout d’abord que je partage le raisonnement de Marie-George Buffet, ancienne ministre, et de Jean Glavany, également ancien ministre, qui plus est de l’agriculture. J’éviterai donc les redites.
Toutefois je diverge totalement sur leur conclusion et c’est à cela que je m’attacherai durant le temps qui me reste.
D’abord, qu’il me soit permis, même si cela a déjà été dit, de saluer le courage de ceux qui souffrent en ce moment parce qu’il y a trop d’eau. Ne pas en avoir du tout, c’est la mort, mais en avoir trop à la fois, c’est aussi la mort. Nous connaissons tous la situation cataclysmique dans laquelle se débat une partie de nos compatriotes.
Ce serait à mon avis une erreur que de continuer à penser que seuls les problèmes climatiques sont à l’origine de ces catastrophes. En réalité, madame la secrétaire d’État, elles se produisent parce que nous ne touchons plus à nos cours d’eau.
Je parlerai de celui que je connais – M. Glavany le connaît aussi – et que l’on appelle un gave de montagne. Il s’agit d’un cours d’eau de régime torrentiel. La dernière fois qu’ont été réalisés des travaux importants, c’était en 1960, c’est-à-dire cinq ans après ma naissance – cela ne nous rajeunit pas –, mais depuis on n’a strictement rien fait. À l’époque, on avait curé le fond du gave car il fallait construire des routes – ce que j’ai fait lorsque, plus tard, je suis devenu maire –, creuser des chemins, reconstruire des maisons avant que ne survienne, quelques années plus tard, le tremblement de terre d’Arette qui nous a obligés à tout reconstruire. Nous avons donc beaucoup puisé de matériaux dans le gave. Nous avons aussi refait les berges pour les stabiliser et protéger les riverains, notamment là où le cours d’eau traverse des villages.
Depuis, plus rien n’a été fait et aujourd’hui, à chaque crue, ce sont systématiquement dix, vingt centimètres, parfois un mètre de terrain qui s’en va. Et c’est un peu partout la même chose. Mais dans le même temps, on n’a pas remonté le niveau des routes, ni le niveau des maisons.