Je ne partage pas l’analyse de notre collègue. Je pense qu’il faut faire davantage confiance à la manière dont le temps fait évoluer les choses. Rien n’est parfait au moment où on le crée. On ne vote pas une loi pour qu’elle soit éternelle. On pourrait très bien adopter une disposition pour une durée limitée, par exemple les cinq ans qui viennent, afin de voir ce qui va se passer. Mais dire qu’en attendant la promulgation de la loi, on a le temps de faire tout un tas de choses, et qu’ensuite tout s’arrête me semble relever d’une vision court-termiste, mais aussi un peu étrange de la loi. « Vous avez le droit de faire ce que vous voulez pour le moment, mais quand la loi sera promulguée, vous devrez demander l’autorisation pour tout ! »
Je maintiens aussi l’idée qu’au bout du compte, la France n’étant pas une île au milieu de l’océan, il se trouvera dans les pays voisins – en Europe, en Guyane, dans l’Océan indien, dans la Caraïbe, et même dans l’Arctique, autour de Saint-Pierre-et-Miquelon – des gens pour exploiter ce que nous aurons trouvé. Le mot « recherche » ne doit pas devenir une justification pour dire que l’on peut tout faire. Le but de la recherche est certes d’accroître les connaissances, mais aussi de permettre des ouvertures, y compris en termes sociétaux et économiques.
Quant à figer les populations et les sociétés dans la notion de « communauté d’habitants », je m’en suis expliquée tout à l’heure, et dans l’idée que tout ce qui a été fait depuis des siècles – dix mille ans d’humanité ! – devrait être jeté à l’eau au motif qu’il y a des prédateurs potentiels d’une découverte… La science est la science, et l’intelligence des gens est l’intelligence des gens ! Il y a dans notre assemblée des gens dont c’est le métier, et celui des administrations est de veiller et de conserver – pas seulement de constater qu’il y a des dérives et, vingt ans après, de tout arrêter : ne serait-ce pas un peu le problème aujourd’hui ?