Intervention de Marion Maréchal-Le Pen

Séance en hémicycle du 17 décembre 2013 à 15h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2013 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarion Maréchal-Le Pen :

Monsieur le ministre, chers collègues, un élément frappant, s’agissant des grandes masses du budget 2013, est la mauvaise rentrée des recettes fiscales, en baisse très significative : de 11,2 milliards d’euros sur l’année 2013, pour atteindre un montant de 288 milliards. Autrement dit, entre ce que prévoyait le Gouvernement il y a un an et la réalité d’aujourd’hui, il y a une différence de plus de 11 milliards –dans le mauvais sens.

Cette fois, il n’est pas possible d’incriminer la faiblesse de la croissance, car elle était anticipée. Il faut trouver ailleurs les raisons : c’est l’augmentation de la dépense publique et son corollaire, l’augmentation des impôts. Les dépenses publiques dépassent désormais 57 % du PIB, preuve que seul le rythme de progression de ces dépenses a été ralenti et qu’elles progressent toujours. Or, pour les financer, la gauche a poursuivi la hausse de la fiscalité. Engagée en 2012 et continuée cette année, cette hausse frappe tous azimuts : la politique familiale, l’assurance-vie, les classes moyennes en général.

Mais, ce faisant, elle a sapé les assiettes fiscales. Elle favorise l’économie parallèle, le travail au noir, les délocalisations et les schémas d’optimisation fiscale en tous genres. Cela se retrouve à un moment ou à un autre dans nos comptes publics. N’en déplaise à M. Eckert et aux esprits forts, ces rentrées fiscales en berne illustrent le principe, énoncé simplement et démontré par la courbe de Laffer : « Trop d’impôt tue l’impôt. » Certains impôts et taxes sont clairement entrés dans une phase de rendements décroissants, ce qui devrait inciter à une politique fiscale toute autre que celle du matraquage.

Face à cette valse de milliards, que représentent quelques millions pour de bons amis ? J’avoue que le gouvernement de la République socialiste s’est surpassé en faisant adopter en douce un amendement qui prélève quatre millions d’euros d’argent des contribuables pour renflouer une nouvelle fois le moribond journal L’Humanité. Cette mesure est parfaitement scandaleuse, clientéliste et économiquement stupide. Il faut quand même rappeler ce qu’est L’Humanité : un titre intimement lié au parti communiste, qui a successivement soutenu Staline, Mao, Pol Pot, la répression menée par les dictatures communistes de l’Est pendant quarante-cinq ans, les attentats du FLN et j’en passe.

Indépendamment de cela, L’Humanité est un journal structurellement déficitaire, qui ne vit que grâce à des abondantes subventions publiques, au point d’être la publication la plus aidée de France, au-delà même de cet abandon de créance. L’exposé sommaire de l’amendement était à proprement parler surréaliste : « La Société nouvelle du journal L’Humanité ne peut faire face au remboursement de sa dette [… ], parce que ses résultats financiers sont très faibles et qu’elle ne possède plus d’actifs. Par conséquent, il est nécessaire d’abandonner cette créance détenue par l’État sur cette société. » Voilà le texte du gouvernement de la République. Au moins, les choses sont claires !

Qu’en pensent les ménages en surendettement ou tous ceux qui peinent à financer leur maison, leur santé, leurs études ? Qu’en pensent les artisans et les petits patrons étranglés par le fisc ou l’URSSAF ? Peuvent-ils venir trouver M. Cazeneuve pour lui expliquer qu’ils sont insolvables et que la seule solution est qu’il leur remette leur dette ? J’avoue avoir du mal à saisir comment, autrement qu’en temps de débâcle, un gouvernement peut mettre aussi peu de scrupules à se servir dans la caisse au profit de ses amis.

Ensuite, j’évoquerai la reprise de dette qui solde le désastre du Crédit lyonnais : 4,5 milliards d’euros, c’est ce qu’il faut à nouveau débourser, vingt ans après la quasi-faillite de la banque alors publique. Le coût total du sauvetage dépasse les 20 milliards d’euros pour le contribuable, sans que l’on sache exactement le chiffrer. Merci aux dirigeants de l’époque, qui auront inventé la banque-industrie, investi à tort et à travers dans les studios de cinéma aux côtés d’hommes d’affaires véreux, pour finir au tribunal, il est vrai bien clément à leur égard. Le Lyonnais est l’exemple même de la gestion désastreuse d’une grande entreprise publique par les hauts fonctionnaires, comme de la totale impunité de ces derniers. Son président, Jean-Yves Haberer, inspecteur général des finances, était l’ancien directeur du trésor. Il a écopé en appel d’un euro de dommages et intérêts dans cette affaire !

La liste des ardoises laissées aux contribuables ou aux actionnaires par les inspecteurs des finances en place est longue : François Heilbronner au GAN, pour 8 milliards d’euros de pertes ; Michel Bon à France Telecom ; Pierre Bilger à Alstom ; Jean-Marie Messier chez Vivendi, pour 20 milliards d’euros de pertes également… Lorsque l’on voit les chiffres des finances publiques, on ne peut que faire le parallèle : ce sont les mêmes élites, la même classe politique qui ont envoyé le pays et les générations futures dans le mur de la dette et de l’austérité. Et je ne parle pas des nouveaux 8 milliards de garantie accordés à l’UNEDIC, qui reportent sur l’État et les contribuables les difficultés de nos systèmes sociaux.

Disons un mot, pour conclure, de la nouvelle dérive du coût de l’aide médicale d’État, mesure symbolique, qui représente une nouvelle rallonge de 156 millions d’euros, en plus des 588 millions déjà engagés pour la gratuité totale des soins pour les clandestins. Avec 264 000 bénéficiaires, soit 10 000 de plus que ce qui était estimé, ce que nous redoutions se révèle vrai : le dispositif s’emballe et son coût progresse à un rythme exponentiel. Des 600 millions prévus pour 2014, à combien finirons-nous après les signaux désastreux que vous avez envoyés cette année ? Dépénalisation du séjour irrégulier, inapplication des décisions d’expulsion, accroissement des régularisations, régularisation des prostitués clandestines, affaire Leonarda Ne vous étonnez pas, après cela, que nos comptes dérapent ! Les Français et les étrangers en situation régulière apprécieront, eux qui se serrent la ceinture !

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